Thèse soutenue

Minéraliser la vie. Anthropologie historique de l’environnement, conflits sociaux et développement dans les Amériques : le cas du projet minier Las Bambas dans le territoire du sud andin péruvien (2004-2008)

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Auteur / Autrice : Fabiola Yeckting Vilela
Direction : Carmen Salazar-Soler
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie sociale et ethnologie
Date : Soutenance le 15/05/2023
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Alexandre Surrallés
Examinateurs / Examinatrices : Alexandre Surrallés, Deborah Delgado Pugley, Claude Le Gouill, Fabiana Li, Richard Nicolas, Clément Thibaud

Résumé

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La perspective des conflits miniers et des processus de développement qu’assume cette thèse, part du principe que les acteurs ne sont pas statiques : plutôt, qu’ils sont pourvus d’une densité historique autant qu’ils subissent des changements drastiques qui se manifestent en deux dimensions. À court terme, dans le moment précis où les événements se produisent ; et à long terme, c’est-à-dire, de durée moyenne et longue au fil du temps, ce qui aide à configurer des cycles et des processus historiques. J’ai cherché à aborder le sujet à travers l’analyse de cas, et les couches historiques : modernité initiale des XVIII et XIXe siècle ; puis, développementisme de l’emphase extractive des XXe et XXIe siècles dans les Amériques. Puis, le contexte des années 1990 pour analyser les conflits miniers emblématiques du Pérou, jusqu’à arriver à l’étude de cas du projet minière Las Bambas de 2004 à 2018.La question et l’objectif principal de la présente thèse doctorale est : quelle est la relation entre environnement, conflits miniers et processus de développement au Pérou ? À partir de cette question centrale, je précise que les discours sur les modèles de développement au Pérou incorporent des conceptions du développement qui entrent en relation avec l’idée de tirer profit des ressources naturelles par le biais d’investissements et de leur rente, de façon subordonnée à l’activité minière – ce qui devient un discours et une pratique officielle dans le cadre d’une nouvelle dynamique productive. Les significations de l’environnement entrent en relation avec leur capacité de subventionner les processus de développement minier, de telle sorte que les possibilités de prise de décision sur la nature et de mise en œuvre de modalités de production locale s’en trouvent limitées ; tout comme se trouvent fragilisées les institutions garantes du droit à un environnement sain et équilibré.Cette thèse propose de revenir sur la trajectoire historique des processus de transformation politique et territoriale du département d’Apurímac et des provinces de Grau et Cotabambas, pour ensuite aborder la manière dont la concession du projet minier Las Bambas s’y insère. L’étude de cas de cette thèse est une chronologie du projet Las Bambas, à partir de laquelle je montre comment se manifestent les impacts environnementaux et sociaux provoqués par l’exploitation des métaux entre 2004 et 2018 dans la province de Cotabambas en Apurímac, et au Pérou. A partir de l’information collectée sur la dynamique du conflit, je montre comment la question environnementale et les transformations territoriales restent subordonnées ou invisibles dans les propositions, qui priorisent la rentabilité et la croissance économique dans le développement local.La thèse remet en question l’idée que les conflits miniers ne seraient conditionnés que par la distribution et la gestion des bénéfices dérivés de l’exploitation et de la production minière. Elle montre que les conditions favorables au fonctionnement des projets miniers s’articulent à la dégradation, à l’épuisement et au fractionnement de l’accès à la terre, à l’eau et à l’air, qui « minéralisent » et qui scindent les relations sociales et culturelles, et la vie communautaire, en tant que caractéristique de la condition extractive dans les régions minières.