Parole délivrée, scènes décentrées : poétiques du trickster chez Kossi Efoui (Togo/France), Dieudonné Niangouna (Congo-Brazzaville/France), Bill Kouélany (Congo-Brazzaville), 1990-2020
Auteur / Autrice : | Diane Chavelet |
Direction : | Catherine Coquio |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire et sémiologie du texte et de l'image |
Date : | Soutenance le 04/10/2022 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Langue, littérature, image, civilisations et sciences humaines (domaines francophone et anglophone) (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'étude et de recherche interdisciplinaire de l'UFR LAC (Paris ; 2009-....) |
Jury : | Président / Présidente : Xavier Garnier |
Examinateurs / Examinatrices : Xavier Garnier, Sylvie Chalaye, Romuald Fonkoua, Armelle Talbot, Virginie Brinker | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Sylvie Chalaye, Romuald Fonkoua |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Cette étude propose d’évaluer certaines poétiques du trickster au prisme de la « parole délivrée » chez trois artistes d’Afrique francophone, au sein de scènes théâtrales, géographiques et symboliques décentrées. Elle s’intéresse à trois productions de dramaturges, également directeurs de festival, de résidence d’artistes et/ou de compagnies : celles au Congo-Brazzaville et en France de Bill Kouélany et Dieudonné Niangouna, celles au Togo et en France de Kossi Efoui. L’objectif est d’étudier le processus par lequel les textes de ces auteurs, de leur écriture à leur traduction scénique ou plastique, vont participer à l’efficacité des structures qu’ils développent,pour initier un décentrement des pôles de diffusion de la littérature et des arts de la scène dits « francophones ». Leurs productions sont replacées dans le double contexte de la mondialisation des arts et de l’histoire postcoloniale (politique et culturelle) pour éclairer les partis-pris formels de ces artistes, en matière d’hybridation transculturelle et de recherches performatives. La quête d’une « parole délivrée » est une manière de briser avec les attentes d’« exotisme » propres à la réception occidentale et « francophone », mais aussi avec les contraintes d’ordre politique et esthétique qui ont pesé sur une génération de dramaturges africains en termes de modes d’engagement. Cette autre parole recherchée, liée au mythe anthropologique du trickster, se dégage de cloisonnements génériques et structurels comme elle se soustrait à un « devoir de réponse » politique. La « délivrance » peut se jouer dans la performance déchirante des corps, dans le débordement de l’objet-livre, dans la distribution décentrée des œuvres dans l’espace de réception global, et la transmission libertaire des pratiques, sans rien effacer des contextes géopolitiques. La méthodologie de l’étude se situe à la croisée de la littérature comparée, des études théâtrales, de l’anthropologie culturelle et de la performance, de la sociologie des artistes et de la philosophie politique. Au travers de ces cas singuliers, elle met en lumière l’émergence de dramaturges d’Afrique subsaharienne, qui, au tournant du XXIe siècle, radicalisent leur démarche esthétique pour réformer la fonction du texte dramatique et les modalités de sa performance afin d’agir sur l’environnement dans lequel ils évoluent, c’est-à-dire à la fois sur la situation politique et culturelle de leurs pays de résidence et les champs de réception des arts dramatiques et visuels globaux dans lesquels ils s’inscrivent. Du point de vue sociologique et anthropologique, ces travaux font état de dynamiques émergentes propres au champ des arts du spectacle d’Afrique subsaharienne, qui participent à la reconstruction culturelle et politique des pays étudiés dans un nouveau contexte global. Du point de vue de l’esthétique et de la poétique, ils mettent à jour de nouvelles pratiques d’engagement artistique transculturelles et transnationales, déplaçant vers l’art de la performance contemporaine les questions relatives aux dichotomies oralité/écriture, tradition/modernité, Afrique/Occident pour réinterroger les rapports profondément imbriqués de l’acte poétique et du politique.