Auteur / Autrice : | Anne-Sophie Petit |
Direction : | Marie Préau |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Psychologie |
Date : | Soutenance le 10/02/2022 |
Etablissement(s) : | Lyon |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de l'éducation, psychologie, information et communication (Lyon) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire GRePS (Lyon) |
établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....) | |
Jury : | Président / Présidente : María del Río Carral |
Examinateurs / Examinatrices : Mathieu Nacher, Michael Murray, Annabel Desgrées du Loû, David Michels | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Rébecca Bègue-Shankland, Joanne Otis |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Nous nous sommes intéressés à la façon dont le VIH/Sida est appréhendé par les acteurs·trices du soin en Guyane, qu’ils et elles soient patient·es, soignant·es ou professionnel·es associatifs·ves, dans le contexte multiculturel de la Guyane, et plus spécifiquement celui de l’Ouest Guyanais (i.e. Maripasoula, Papaïchton). Les particularités géographiques et culturelles du territoire soulèvent des enjeux relatifs à l’accès aux soins et aux droits, particulièrement saillantes dans le cadre de l’infection au VIH. Et questionnent également les pratiques de soins métropolitaines, au vu de la multiculturalité du territoire. Ce travail, ancré à la fois dans une psychologie culturelle de la santé (Mulatu & Berry, 2001) et dans une démarche communautaire au sein du projet Takari, visant à l’autonomisation des PVVIH grâce à la médiation communautaire, et porté par l’association AIDES, a permis de mettre à jour des préoccupations sociales au travers d’une vision écologique et de pratiques visant à la transformation (Jodelet, 2011). Mais aussi de (re)considérer les processus d’empowerment et l’objectif d’autonomie en santé. D’un point de vue méthodologique, la théorisation ancrée (Charmaz, 2006) nous a permis, grâce à un processus itératif de comparaison constante des données, de constater que la Guyane est un territoire d’adaptation, tant pour les acteurs·trices du soin que pour les PVVIH. Nous avons dans un premier temps, mobilisé de façon simultanée l'approche transactionnelle (Lazarus & Folkman, 1984) et intégrative (Moos et Holahan, 2007, Bruchon-Schweitzer, 2002) de l’ajustement grâce à des méthodes qualitatives au sein de deux études. Nos deux études, auprès de soignant·es et professionnel·e·s associatifs·ves et de PVVIH, ont permis l’identification de déterminants socio-culturels multi-niveaux (Bronfenbrenner, 1979), l’exploration de pratiques et réponses adaptatives privilégiées, au regard des appartenances culturelles des participant·e·s. Les étapes d’analyse de nos résultats et la démarche de triangulation ont permis à la fois d’apporter une vision compréhensive (Dayer & Charmillot, 2012) des processus d’ajustement, en les considérant non plus sous l’angle transactionnel tels qu’ils sont pensés dans la littérature, mais plutôt en proposant une approche psychosociale de la santé, permettant de la penser comme une forme d’expérience vécue et située. Mais également, de proposer une ouverture théorique sur l’appréhension de l’ajustement dans des contextes multiculturels. En considérant l’ajustement comme une forme d’expérience vécue et située, nous avons pu mettre en évidence à la fois que les processus découlent de jeux de construction et de reconstruction des identités sociales et culturelles, mais aussi d’un partage et une négociation de savoirs, dans le cadre d’une relation de soins modifiée par la médiation communautaire. Également, notre démarche a pu souligner la mobilisation de stratégies spécifiques en fonction des orientations culturelles de nos participant·e·s, permettant d’embrasser une approche multidimensionnelle des liens entre culture et adaptation, en dépassant des approches parfois perçues comme réductionnistes en psychologie de la santé (Santiago-Delfosse, 2002). Enfin, si nous avons pu montrer que l’adaptation à la maladie, est soumise aux effets du contexte social et culturel, qui va guider et favoriser ou non le déploiement de stratégies efficaces et qui font sens, la psychologie positive (Seligman, 2008), pensée dans le cadre d’une démarche communautaire nous permet ici de considérer l’ajustement pas uniquement centré sur la résolution de problème, mais plutôt comme l’expression de potentialités tendant à un épanouissement individuel. Mais également comme des volontés de transformations sociales, qu’il s’agisse aussi bien du fonctionnement du système de soins chez les soignant·e·s ou encore les formes d’expressions critiques des PVVIH à l’égard de la discrimination de l’infection.