Thèse soutenue

Les charpentes métalliques des cathédrales au XIXe siècle (1836-1897) : à partir de l'exemple de la Cathédrale de Chartres. Le fer dans la restauration des architectures gothiques et le regard de la France sur la matière
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Auteur / Autrice : Sayuri Kawase
Direction : Jean-Michel Leniaud
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire de l'art
Date : Soutenance le 23/02/2021
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Histoire de l'art, des représentations et de l'administration dans l'Europe moderne et contemporaine (Paris)
établissement de préparation de la thèse : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....)
Jury : Président / Présidente : Jean-François Belhoste
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Michel Leniaud, Jean-François Belhoste, Jacques Lucan, Philippe Plagnieux
Rapporteurs / Rapporteuses : Jacques Lucan, Philippe Plagnieux

Résumé

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Notre thèse se propose d’analyser l’apparition et l’évolution des charpentes métalliques dans les combles des monuments médiévaux, qui n’ont pas fait l’objet d’une étude synthétique, à partir de celle de la cathédrale de Chartres, qui fut reconstruite en fonte et fer, après l’incendie de 1836. Cette étude est menée suivant deux problématiques. Premièrement, ce travail vise à préciser la signification historique de la charpente métallique de Chartres, dont la place demeure encore imprécise dans l’histoire de l’architecture du XIXe siècle. Pour cet objectif, notre thèse analyse d’abord cette charpente métallique, en nous intéressant en particulier au processus historique de son projet, à son système et aux innovations techniques mises en œuvre sur son chantier, puis examine son influence sur les charpentes métalliques postérieures. Deuxièmement, ce travail a pour objectif d’examiner pour quelles raisons et sur quels paramètres les architectes diocésains de la seconde moitié du XIXe siècle ont opté pour les charpentes métalliques au lieu de celles en bois, alors que dans les années 1840, le principe du respect des anciens matériaux avait été prescrit par l’Instruction concernant la restauration des cathédrales sous le régime viollet-le-ducien. A partir de l’analyse des charpentes en métal réalisées ou projetées à cette époque-là, nous essayons, d’autre part, de réexaminer l’attitude à l’égard de l’emploi du fer et plus généralement les arbitrages entre les matériaux anciens et nouveaux lors de la restauration monumentale, chez ces architectes et chez Viollet-le-Duc.Cette recherche s'appuie sur les archives ainsi que des documents iconographiques d’un corps de vingt-six charpentes en France et en Angleterre. En vue de tracer une histoire du regard des Français sur les matériaux et la forme depuis des siècles, nous avons analysé également douze charpentes métalliques d’édifices publics et religieux, mises en place dans la première moitié du XIXe siècle.Notre étude atteste d’abord que non seulement la charpente réalisée finalement en fonte, mais aussi le projet non réalisé d’une charpente en fer forgé pour la cathédrale de Chartres, ont exercé une influence considérable sur les charpentes postérieures des monuments médiévaux durant le XIXe siècle. L’examen de l’attitude des architectes diocésains lors des restaurations des charpentes dans les monuments médiévaux durant le XIXe siècle confirme aussi que la plupart d’entre eux n’ont pas hésité à remplacer le bois par le métal : leur attitude montre qu’en ce qui concerne la restauration des charpentes des combles, ils ne condamnaient pas le changement des matériaux. En revanche, la plupart d’eux ont accordé plus d’importance au maintien de l’identité ou de la proximité des formes entre les nouvelles et les anciennes charpentes durant le XIXe siècle.A partir d’une longue observation de l’évolution historique de ces charpentes métalliques, ce travail met en évidence que Viollet-le-Duc a peu orienté l’emploi du fer sur les chantiers de restauration des charpentes des cathédrales : le phénomène de la reconstruction des charpentes en métal au XIXe siècle ne résulte pas de directives de cet inspecteur général mais de l’intérêt fort continu pour l’innovation de la part des architectes français et du triomphe de leurs pratiques sur leurs chantiers. Viollet-le-Duc n’a finalement pas orienté les architectes diocésains vers une restauration avec conservation des matériaux anciens.Enfin, notre thèse conclut que la restauration avec maintien des matériaux initiaux n’est pas devenu un courant majeur en France durant le XIXe siècle et que Viollet-le-Duc n’en est pas responsable : le principe de la conservation des matériaux apparu dans les années 1840 était un parti pris irrégulier pour les architectes respectant la « forme » en tant que composante architecturale, de sorte que ce principe ne fut pas aisément accepté dans une collectivité qui accordait plus d’importance à la Forme.