Génétique humaine de la lèpre au Vietnam : une histoire de familles
Auteur / Autrice : | Chaïma Gzara |
Direction : | Alexandre Alcaïs |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Épidémiologie génétique |
Date : | Soutenance le 31/03/2021 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Pierre Louis de santé publique : épidémiologie et sciences de l'information biomédicale (Paris ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut des Maladies Génétiques (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Nabila Bouatia Naji |
Examinateurs / Examinatrices : Nabila Bouatia Naji, Antoine Mahé, Bertram Müller-Myhsok, Laure Gineau, Roch Christian Johnson | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Antoine Mahé, Bertram Müller-Myhsok |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La lèpre, maladie infectieuse chronique causée par Mycobacterium leprae, affecte principalement la peau, les nerfs et les yeux avec des séquelles majeures en l’absence de traitement. Avec 200 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année (1 toutes les 2 minutes), il s’agit de la mycobactériose la plus commune après la tuberculose et requalifiée « maladie tropicale négligée » en 2017 par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Si la contribution génétique de l’hôte dans l’histoire naturelle de la maladie est maintenant bien établie, son architecture reste lacunaire. Dans cette continuité et afin de la préciser, nous avons, pour la première fois, utilisé une approche de génétique épidémiologique familiale. Plus précisément, nous avons réalisé la première étude d’association pangénomique (Genome-Wide Association Study, GWAS) familiale sur la lèpre. Ainsi, au cours des 20 dernières années, un échantillon de 481 familles nucléaires, parents et enfants, sélectionnées à partir d’un enfant atteint, a été constitué au Vietnam. Sur cet échantillon primaire de 1749 individus incluant 622 enfants atteints, nous avons testé l’association de près de 6 millions de variants bi-alléliques (Single Nucleotide Polymorphism, SNP), génotypés ou imputés, avec la lèpre. Dans un second temps, nous avons testé les signaux les plus prometteurs dans un échantillon de réplication, c’est-à-dire, indépendant et issu de la même population, constitué de 1 181 cas et 668 contrôles. Les résultats les plus significatifs ont été observés au sein de la région HLA et l’analyse multivariée a permis d’identifier trois signaux indépendants. Deux dans la région HLA classe I : rs1265048 [Odds-ratio (OR) = 0,69 ; p-val = 5,5.10⁻¹¹] et rs114598080 [OR = 1,47 ; p-val = 8,8.10⁻¹³] ; Et un dans la région HLA classe II : rs3187964 [OR = 1,67 ; p-val = 8,4.10⁻¹⁶]. Nous avons également identifié deux signaux hors HLA : un variant faux-sens dans le gène LACC1 (rs3764147 : OR = 1,52 ; p-val = 5,1.10⁻¹⁴), et un variant à proximité du gène IL12B (rs6871626 : OR = 0,73 ; p-val = 6.4.10⁻⁸). Les contraintes de coûts des études pangénomiques imposent une réduction majeure du nombre de SNPs à tester dans d’autres échantillons. Dans les études familiales, les parents sont de fait génotypés et pourraient permettre une réplication immédiate sans coûts ajoutés. Au moyen d’une large étude de simulation, nous avons montré que cette approche était pertinente. Une étude cas-contrôle chez les parents de l’échantillon primaire est une réplication valide, statistiquement indépendante de l’étude d’association familiale. C’est un argument fort en faveur des approches familiales pour l’exploration pangénomique de la contribution génétique de l’hôte dans les phénotypes complexes. La compréhension de la physiopathologie de l'infection à M. leprae est cruciale pour optimiser les approches préventives selon les profils génétiques à plus haut risque, et ouvrir de nouvelles pistes thérapeutiques en précisant les cascades fonctionnelles pertinentes. En ce sens, la dissection du contrôle génétique de l'infection par l'hôte est indispensable. Enfin, remettre la famille au cœur de la quête génétique, c’est remettre la génétique dans son milieu naturel.