Thèse de doctorat en Histoire
Sous la direction de Michelle Bubenicek.
Soutenue le 09-09-2021
à Bourgogne Franche-Comté , dans le cadre de École doctorale Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps (Dijon ; Besançon ; 2017-....) , en partenariat avec Université de Franche-Comté (établissement de préparation) et de Centre Lucien Febvre (Besançon) (laboratoire) .
Le président du jury était Olivier Mattéoni.
Le jury était composé de Michelle Bubenicek, Olivier Mattéoni, François Foronda, Frédérique Lachaud.
Les rapporteurs étaient François Foronda, Frédérique Lachaud.
Du milieu des années 1350 au milieu des années 1390, le règne de Charles V (1364-1380) et le début de celui de Charles VI (1380-1422) sont des étapes décisives dans la construction de l’État moderne. Si cette période marque une pause dans le développement des institutions, elle n’en demeure pas moins active autour des Valois qui pensent et exercent le pouvoir selon les standards de l’aristotélisme politique. La jeune dynastie a conscience de sa fragilité révélée par les évènements 1358/1359, la guerre contre l’Angleterre, les querelles princières, ou la santé fragile de Charles V et la folie de son fils, Charles VI, à partir de 1392. Cette riche période est également marquée par un mouvement jusqu’à aujourd’hui moins traité par l’historiographie française : celui de l’investissement idéologique de la figure du ministre, placé en intermédiaire entre le roi et ses sujets. Issu d’un puissant lignage aristocratique bourguignon, le Comtois Jean de Vienne (†1396) est à la fois témoin et acteur de cette dynamique. Les sources documentent de manière inédite son expérience de chevalier qui, après avoir gagné la confiance du roi Jean II et de son fils Philippe le Hardi, alors jeune duc de Bourgogne, est nommé amiral de France (décembre 1373) par Charles V. Jean de Vienne met alors en œuvre le programme politique de ce dernier. Or, loin de se cantonner à des missions relevant du strict domaine naval, Jean est à la fois un officier et un conseiller ; polyvalent, il est celui qui est en proximité immédiate avec le roi et qui va au-devant de celui-ci, il le représente dans l’espace. En outre, contrairement à certains autres ministres, il est aussi celui qui tente de concilier l’expérimentation de l’autonomisation du corps ministériel, avec le maintien de la loyauté avec son souverain d’une part, et un prince ambitieux, Philippe le Hardi, d’autre part.
For a history of the minister in the Middle Ages : admiral Jean de Vienne and the Valois (second half of the 14th century)
From the mid-1350’s to the mid-1390’s, the reign of Charles V (1364-1380) and the beginning of that of Charles VI (1380-1422) were decisive steps in the construction of the modern state. If this period marks a pause in the development of institutions, it nonetheless remains active around the way of thinking and exercising power according to the standards of political Aristotelianism. The Valois are aware of their fragility dynastic revealed by the events of 1358/1359, the war against England, the princely quarrels, or the fragile health of Charles V and the madness of his son, Charles VI, from 1392. This rich period is also marked by a movement until today less treated by French historiography, that of the ideological investment of the figure of the minister, placed in intermediary between the king and his subjects.Coming from a powerful aristocratic Burgundy lineage, the Comtois Jean de Vienne (†1396) is both witness and actor of this dynamic. The sources document in an unprecedented way his experience as a knight who, after winning the confidence of King John II and his son Philippe le Bold, then a young Duke of Burgundy, was elected admiral of France (December 1373) by Charles V. Jean de Vienna then implemented the latter's political program. However, far from confining himself to missions falling within the strict naval domain, Jean is both an officer and an advisor; versatile, he is the one who is in close proximity to the king and who goes to meet him, he represents him in space. In addition, unlike some other ministers, he is also the one who tries to reconcile the experimentation of the empowerment of the ministerial body, with the maintenance of loyalty with his sovereign on the one hand, and an ambitious prince, Philippe le Bold, on the other hand.
Cette thèse a donné lieu à une publication
Pour une histoire du ministre au Moyen Âge : l'amiral Jean de Vienne et les Valois (seconde moitié du XIVe siècle)