Thèse soutenue

Interactions striato-cérébelleuses dans les dystonies liées à des mutations des gènes PRRT2 et ADCY5

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Auteur / Autrice : Asya Ekmen
Direction : Emmanuel Roze
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 21/10/2021
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut du cerveau (Paris ; 2009-....)
Jury : Président / Présidente : Caroline Moreau
Examinateurs / Examinatrices : Stéphane Christophe Thobois, Cécile Galléa, Rick Helmich, Solène Frismand
Rapporteurs / Rapporteuses : Caroline Moreau, Franck Durif

Résumé

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La dystonie est un trouble moteur défini par des contractions musculaires involontaires entraînant des postures et des mouvements anormaux. Dans cette pathologie, la contraction musculaire est disproportionnée par rapport aux mouvements souhaités et propagée à des muscles ne participant pas habituellement à ce mouvement, dont des muscles antagonistes. Les possibilités de traitement médical sont limitées. Les premiers travaux menés ont montré que la dystonie était liée à une atteinte des ganglions de la base. Plus récemment, des anomalies structurelles et fonctionnelles du cervelet et des voies cérébello-thalamiques ont aussi été mises en évidence, principalement par des études de neuroimagerie chez l’homme. Les modèles animaux de la dystonie ont conforté l’idée d’une implication du cervelet puisque les signes dystoniques peuvent : (i) disparaître avec l’ablation du cervelet; (ii) apparaître avec la stimulation pharmacologique du cervelet. Ces résultats ont conduit à l’idée que la dystonie résulterait d’interactions anormales entre le cervelet et les ganglions de la base alimentant un cercle vicieux, dans lequel l’atteinte d’une structure retentit sur l’autre via leurs voies de connexions réciproques. L’objectif de cette thèse est d’évaluer si la dystonie ou plus précisément la dystonie paroxystique pourrait alors être vue comme secondaire à un dysfonctionnement du réseau entre le cervelet et les GB. Dans cette thèse, j’ai cherché à caractériser la manière dont les anomalies structurelles et fonctionnelles du cervelet peuvent retentir sur l’activité striatale et corticale. Pour ce faire nous avons choisi deux « modèles » pathologiques avec des épisodes de dystonie paroxystique : (i) des patients atteints d’une dyskinésie paroxystique kinésigénique (PKD) liée à la mutation du gène PRRT2 supposément associée à un dysfonctionnement cérébelleux ; (ii) la mutation dans le gène ADCY5 associée à une dysfonction striatale primaire pure. Nous avons mené une étude multimodale novatrice et comparé 22 patients PRRT2, 12 patients ADCY5 et 34 sujets sains appariés en âge et genre. Premièrement, nous avons montré des anomalies structurelles et fonctionnelles localisées dans le cervelet et ses voies de sortie chez les patients PRRT2 avec une PKD. Deuxièmement, en modulant l’activité cérébelleuse par une inactivation fonctionnelle du cervelet postérieur au moyen de la stimulation magnétique transcrânienne (TMS) avec un protocole de stimulation theta burst (TBS) contre SHAM, nous avons démontré que nous pouvons moduler la connectivité cérébelleuse avec le striatum et le cortex moteur chez les patients PRRT2 par rapport aux contrôles et ainsi se rapprocher de l'état “normal” du réseau observé chez les contrôles. Troisièmement, nous avons observé un déficit d’activation striatale pendant l’attribution d’une récompense chez les patients ADCY5 lors d’une tâche d’apprentissage par renforcement impliquant essentiellement les réseaux dopaminergiques striataux. Enfin, nous avons étudié l’interaction entre les boucles cérébelleuses et les boucles striatales en testant les deux modèles pathologiques dans la même tâche, mêlant l’apprentissage moteur par erreur (impliquant le cervelet) et une probabilité d’obtention de récompense (impliquant le striatum). Nous avons démontré que les patients PRRT2 manifestent une diminution significative localisée dans la densité de matière grise au sein du lobule VI du cervelet et du cortex préfrontal. Ils présentent également des anomalies d’intégrité structurelle au niveau des voies d’entrée et de sortie du cervelet. L’inhibition cérébelleuse par TMS améliore sensiblement le dialogue striato-cérébelleux. En nous servant de l’adaptation motrice comme d’un marqueur de la fonction cérébelleuse, nous avons également pu mettre en évidence un déficit dans ce même lobule VI du cervelet lors de l’apprentissage par erreur. Nos résultats suggèrent que le cervelet joue un rôle plus important qu’envisagé [...]