Investigations sur les cyanotoxines et les composés volatiles organiques au lac Karaoun (Liban) par des techniques bioanalytiques et de spectrometrie de masse.
Auteur / Autrice : | Noura Hammoud |
Direction : | Ryszard Łobiński, Kamal Slim |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Chimie analytique et environnement |
Date : | Soutenance le 13/12/2021 |
Etablissement(s) : | Pau |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale sciences exactes et leurs applications (Pau, Pyrénées Atlantiques ; 1995-) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut des sciences analytiques et de physico-chimie pour l'environnement et les matériaux (IPREM UMR 5254) - Institut des sciences analytiques et de physico-chimie pour l'environnement et les materiaux |
Mots clés
Résumé
Le lac Karaoun est le plus grand espace d’eau douce au Liban. Le barrage construit en 1965 sur le plus long fleuve du pays (Litani), avait plusieurs objectifs comme production de l’électricité (hydroélectricité), l’irrigation et alimentation de la capitale Beyrouth en eau potable. Au début, le lac bénéficiait d’une excellente qualité d’eau, mais actuellement, il est considéré comme hypereutrophe, suite à l’enrichissement excessive en engrais. Depuis quelques années, le lac subisse d’efflorescences successives des deux cyanobactéries : Microcystis aeuriginosa et Aphanizomenon ovalisporum.Aujourd'hui, et suite à la dégradation par les eaux usées / industrielles, les activités agricoles excessives de la région et les incidents occasionnelles de mort de poissons et de chèvres, toute utilisation du lac est devenue interdite. Parfois et due à la prolifération excessive de cyanobactéries, le cours d’eau peut être bloqué. Cette thèse évalue l’impact de ces efflorescences sur la production de cyanotoxines, et propose une approche méthodologique pour la surveillance systématique du réservoir.Des campagnes d’échantillonnage quasi-mensuelles ont été menées entre en août 2019 et en octobre 2020. Les échantillons d'eau ont été directement examinés pour des identifications taxonomiques. Des examens moléculaires utilisant la q-PCR, des évaluations biochimiques (ELISA et PPIA) ainsi que des techniques de spectrométrie de masse (LC-MS/MS, LC-HRMS et HS-SPME-GC-MS) ont été mis en œuvre pour une approche holistique et complémentaire, afin d'avoir une vue d'ensemble de l'état du réservoir d'eau.Suite à l’eutrophisation, deux cyanobactéries dominent le lac. Également, les résultats ont confirmé leur sécrétion importante de cyanotoxins et par la suite la contamination du lac par des taux élevés de métabolites secondaires (presque 200 fois plus élevés que les recommandations de l'OMS). Les microcystines sont les plus abondantes, principalement en octobre et décembre avec des concentrations allant jusqu'à 200 µg/L. D'autres toxines ont également été détectées (anabaenopeptines), ainsi que certains composés bioactifs (microginines, Aeruginosine et Balgacyclamide).Parallèlement, une variété de composés bio-organiques de goût et d'odeur a été détectée dans les échantillons d'eau (comme le disulfure de diméthyle, le trisulfure de diméthyle, le tétrasulfure de diméthyle, la dihydro 6- ionone, le β-cyclocitral, le 3 méthyl-indole, la dihydro β-ionone, la β-ionone). Les échantillons contenant des composés sulfureux avaient des odeurs caractéristiques de ''septique''/''chou'', dégradant la qualité esthétique des eaux destinées à la consommation humaine. D'autres composés d'activités anthropogéniques et reflétant les différentes sources de pollution le long du cours d'eau et du réservoir ont également été perçus, tels que le toluène et le trichlorométhane.Toutes les méthodes appliquées ont donné des résultats convergents. La spectrométrie de masse a permis pour la première fois la caractérisation d’un nombre important de cyanotoxins appartenantes à des classes différentes.