Thèse soutenue

Utilisation de matériaux poreux de type Metal-Organic Framework (MOF) pour l’adsorption de molécules gazeuses (I2, RuO4) dans le contexte d’un accident de réacteur nucléaire

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Auteur / Autrice : Maëva Leloire
Direction : Thierry LoiseauChristophe Volkringer
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Chimie des matériaux
Date : Soutenance le 29/01/2021
Etablissement(s) : Université de Lille (2018-2021)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la matière, du rayonnement et de l'environnement (Lille ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : UCCS - Unité de Catalyse et Chimie du Solide
Jury : Président / Présidente : Alain Moissette
Examinateurs / Examinatrices : Caroline Mellot-Drazniecks, Philippe Nerisson
Rapporteurs / Rapporteuses : Philip Llewellyn, Jean-Louis Paillaud

Résumé

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Les isotopes radiotoxiques de l'iode et du ruthénium, tels que 129I, 131I, 103Ru et 106Ru, sont produits en quantité significative durant la fission nucléaire. Après un accident de réacteur nucléaire, ces éléments peuvent être rapidement disséminés dans l’environnement, sous la forme d’espèces gazeuses très volatiles comme l'iode moléculaire (I2) ou le tétraoxyde de ruthénium (RuO4). Afin de limiter la dispersion de ces produits de fission en cas d’accident, des filtres composés de matériaux poreux (zéolites ou charbon actifs) peuvent être employés. Cependant, de tels solides poreux présentent des limitations dans le contexte d'accident nucléaire. En effet, la présence d'espèces empoisonnantes (par exemple NOx, H2O, COx) peut inhiber la capture d’espèces radiotoxiques. De plus, leur relative faible porosité n’est souvent pas adaptée au bon piégeage d’espèces volumineuses comme RuO4. Sur la base de ces limites, une classe récente de matériaux poreux appelés Metal-Organic Frameworks (MOFs) pourrait s’avérer être un substitut efficace. En effet, les composés MOFs sont des matériaux hybrides cristallisés, constitués de clusters inorganiques liés les uns aux autres par des ligands organiques. Cette organisation peu dense offre une porosité importante et des surfaces spécifiques élevées (jusqu'à 7000 m2.g-1), nettement supérieurs à celles des solides poreux habituels. Bien que ces solides aient déjà montré de bonnes capacités pour la capture d’espèces radioactives, très peu de données rapportent leur efficacité pour le piégeage d’espèces gazeuses (notamment RuO4) en conditions accidentelles.Afin de renforcer nos connaissances sur les composés MOFs pour une potentielle utilisation en sureté nucléaire, ce travail de thèse s’est intéressé à leur efficacité pour la capture de I2 et RuO4 volatils dans certaines matrices poreuses modèles (type UiO-66). Nous avons mis en évidence l'importance de la fonctionnalisation du ligand espaceur et du confinement de l’iode au sein du réseau poreux. Ainsi, l’iode créé une interaction forte avec la charpente des MOFs pour former d’autres espèces iodées de type Ix-. Cette transformation a notamment été analysée par spectroscopie RAMAN.Suite à cette première étude, nous avons sélectionné le solide UiO-66_NH2 comme matériau de filtration de référence pour réaliser un essai dans l’installation EPICUR de l’IRSN. Celle-ci permet la manipulation d’iode radioactif (131I) et l’étude de son confinement au sein de la charpente poreuse en conditions accidentelles (radiation, température, vapeur d’eau). Ce travail a nécessité, en amont, d’élaborer un protocole de mise en forme, afin de produire un matériau MOF avec une granulométrie sphérique millimétrique. En parallèle, un travail sur la résistance de ce matériau sous irradiation gamma a également été entrepris, dans l’installation IRMA de l’IRSN. Cette étude a confirmé l’excellente efficacité du UiO-66_NH2 dans le contexte choisi. Enfin, le matériau UiO-66_NH2 a également été le candidat choisi pour la capture de RuO4 gazeux. Les différentes analyses (MET, RMN) ont permis de quantifier le RuO4 au sein des pores et de proposer des mécanismes réactionnels expliquant sa très bonne adsorption.