L’Historia destructionis Troiae de Guido delle Colonne : Aperçu de l’œuvre, traductions italienne et française, commentaires
Auteur / Autrice : | Arianna Quarantotto |
Direction : | Giampiero Scafoglio |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langues et littératures anciennes |
Date : | Soutenance le 21/05/2021 |
Etablissement(s) : | Université Côte d'Azur |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, humanités, arts et lettres (Nice ; 2016-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Cultures et Environnements. Préhistoire, Antiquité, Moyen Âge (Nice) |
Jury : | Président / Présidente : Rosa Maria Dessì |
Examinateurs / Examinatrices : Stéphanie Le Briz-Orgeur, Marisa Squillante | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-François Cottier, Catherine Croizy-Naquet |
Résumé
Ce travail s’inscrit dans le cadre des recherches portant sur la diffusion de motifs et légendes liés à la matière troyenne tout au long du Moyen Âge. Le but visé a été double : d’une part la traduction en français et en italien de l’un des textes les plus connus au Moyen Âge, la Historia destructionis Troiae, composée entre 1272 et 1286 par Guido delle Colonne, juge de Messine et poète courtois; de l’autre, une critique textuelle de l’œuvre afin de comprendre les techniques utilisées par l’auteur et les rapports avec les sources : l’Ephemeris belli Troiani de Dictys de Crète, la De excidio Troiae de Darès le Phrygien, le Roman de Troie de Benoît de Sainte-Maure, dont l’Histoire de Guido semble presque une latinisation. À partir des données bibliographiques, du milieu littéraire, des fondements idéologiques, ce travail met en évidence la volonté de Guido de faire de son texte en prose latine une œuvre historiographique, allant de la conquête de la toison d’or aux nostoi des héros grecs, et destinée à un public aristocratique et savant. Le culte pour la rhétorique est évident et le latin est stylistiquement conditionné par l’ars dictaminis. Notre recherche a démontré les étroites relations entre l’Historia destructionis Troaie et le récit en vers de Benoît, bien que Guido ne le cite jamais. Les œuvres latines de Dictys et Darès, qui sont à la base aussi du Roman de Troie sont souvent citées par Guido en tant que sources d’une importance considérable, même si les données analysées ne permettent pas encore de déterminer si Guido a eu une connaissance directe de ces œuvres ou si elles lui sont arrivées à travers la lecture du Roman. Néanmoins, la Historia destructionis Troiae, comparée aux sources, s’enrichit de digressions moralisantes, d’images poétiques et descriptions astronomiques, d’une multiplicité de personnages et thématiques, de différents niveaux narratifs, de renvois textuels qui font de l’œuvre une grande fresque narrative qui anticipe le roman de la Renaissance. Enfin, les réflexions sur le destin de l’homme, sur la précarité de la vie, la recherche d’une réponse à la douleur et à la folie de la guerre, le sentiment de justice avec lequel l’auteur analyse toujours les événements, révèlent non seulement la profondeur de Guido, mais nous permettent aussi de saisir une grande marge d’autonomie de la Historia destructionis Troiae par rapport aux sources.