Caractérisation du multi-détecteur GABRIELA et spectroscopie de décroissance des noyaux ²⁵⁵Rf et ²⁵¹No
Auteur / Autrice : | Rikel Chakma |
Direction : | Araceli Lopez-Martens |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Structure et réactions nucléaires |
Date : | Soutenance le 27/11/2020 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Particules, hadrons, énergie et noyau : instrumentation, imagerie, cosmos et simulation (Orsay, Essonne ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Référent : Université Paris-Saclay. Faculté des sciences d’Orsay (Essonne ; 2020-....) |
Laboratoire : Laboratoire de physique des deux infinis Irène Joliot-Curie (2020-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Christophe Theisen |
Examinateurs / Examinatrices : Herzberg Rolf-Dietmar, Olivier Stézowski, Stéphane Grévy | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Herzberg Rolf-Dietmar, Olivier Stézowski |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Une question sans réponse qui se trouve au carrefour de la physique et de la chimie est : quelle est la limite du tableau périodique. Les théories nucléaires suggèrent l'existence de ce qu'on appelle ''l'îlôt de stabilité'', habitée par des éléments super-lourds à longue durée de vie. Ces éléments ne doivent leur existence qu’à d’importants effets quantiques. Ainsi, les éléments super-lourds forment un laboratoire unique pour l'étude de la structure et de la dynamique nucléaires sous l'influence d’une très forte répulsion Coulombienne entre les nombreux protons du noyau. Cependant, un défi théorique réside dans la prédiction de la position exacte de cet îlôt, car différents modèles prédisent la position des prochaines fermetures de couches au delà de Z=82 et N=126 à Z = 114, 120 ou 126, et N = 172, 184 de façon plutôt inharmonieuse. Pour mieux comprendre le comportement de la matière nucléaire dans des conditions extrêmes du nombre de protons et de neutrons et contraindre les modèles nucléaires, il est donc nécessaire d'étudier la nature et la séquence d’états dans des noyaux transactinides plus légers et plus accessibles par des études spectroscopiques. Dans ce travail, des états de ²⁵⁵Rf ont été peuplés par la réaction de fusion-évaporation ⁵⁰Ti(²⁰⁷Pb, 2n)²⁵⁵Rf en utilisant un faisceau intense de ⁵⁰Ti fourni par le cyclotron U400 du FLNR à Dubna. Les résidus d'évaporation ont été séparés du faisceau et du fond d'autres produits de réaction à l'aide du séparateur de noyaux de recul SHELS et implantés dans le détecteur d'implantation du dispositif GABRIELA. Le multidétecteur GABRIELA permet d'effectuer des corrélations de temps et en position entre les noyaux implantés et leurs désintégrations ultérieures et est sensible à l'émission de rayonnemments gamma, d'électrons de conversion interne, de particules alpha et de produits de fission. Pour interpréter les spectres de désintégration expérimentaux, le multidétecteur GABRIELA a été caractérisé à l'aide de simulations GEANT4, qui ont été validées avec des données d'étalonnage. En particulier, l'impact des effets de sommation sur l'efficacité de la détection des rayons gamma et des électrons a été étudié et a montré que les simulations sont essentielles pour interpréter des résultats expérimentaux obtenus grâce à des dispositifs compactes et efficaces comme GABRIELA. Une nouvelle méthode pour estimer le profil de profondeur d'implantation des résidus d'évaporation a été mise au point, ce qui est essentiel notamment pour la spectroscopie des électrons de conversion interne.Afin de pouvoir utiliser GEANT4 pour des éléments plus lourds que Fm (Z=100), le code source a été modifié et les données de fluorescence et d’émission Auger ont été extrapolées pour permettre des simulations précises de décroissances radioactives jusqu'à l’élément Rf. En utilisant les données expérimentales obtenues sur le noyau ²⁵⁷Rf étudié à Dubna et le schéma de désintégration connu de l'isomère 21/2+ de haut K, la fonctionnalité du code GEANT4 modifié a été validée. Les simulations ont ensuite été utilisées pour étudier la structure fine de décroissance alpha du ²⁵⁵Rf et dériver les rapports d’embranchements vers les états du ²⁵¹No. Les rapports d’embranchements de décroissance gamma et les coefficients de conversion interne de transitions du ²⁵¹No ont également été extraits. Dans le ²⁵⁵Rf, deux nouveaux états isomériques de haut K ont été identifiés et l'existence à basse énergie d’excitation d'un isomère de spin a été confirmée. Les comparaisons quantitatives et qualitatives des spectres expérimentaux aux simulations ont permis d'établir les schémas de désexcitation les plus probables et d'assigner les configurations quasi-particules possibles pour les 3 isomères.