Essais sur l'économie comportementale normative : problèmes méthodologiques et théoriques
Auteur / Autrice : | Ivan Mitrouchev |
Direction : | Cyril Hédoin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques et de gestion |
Date : | Soutenance le 10/11/2020 |
Etablissement(s) : | Reims |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences humaines et sociales (Reims ; 2012-) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : (REGARDs) - Economie-Gestion, Agro-ressources, Développement durable, Santé |
Jury : | Président / Présidente : Samuel Ferey |
Examinateurs / Examinatrices : Cyril Hédoin, Antoinette Baujard, Robert Sugden, Francesco Guala, D. Wade Hands | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Antoinette Baujard, Robert Sugden |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Cette thèse est un recueil de cinq chapitres qui abordent et visent à résoudre divers problèmes méthodologiques et théoriques associés à l’économie comportementale normative. Le premier chapitre propose une reconstruction historique de l’économie comportementale normative. Il est montré que les fondateurs de la prospect theory s’intéressaient déjà aux implications normatives de leur théorie, ce qui a eu une influence substantielle sur la méthodologie de l’économie comportementale du bien-être. Le deuxième chapitre est une évaluation philosophique de la théorie de la mesure d’utilité expérimentée. Après avoir montré que le critère d’utilité expérimentée souffre de nombreux problèmes méthodologiques et théoriques, je propose une approche alternative du bonheur objectif mieux alignée avec la portée des politiques publiques et avec la manière dont les individus perçoivent réellement la notion de bonheur objectif. Le troisième chapitre propose une revue de la littérature du « problème de réconciliation » entre économie normative et économie comportementale. Je suggère un consensus sur la meilleure façon de traiter le « problème de réconciliation » en proposant un cadre simple sur lequel les économistes pourraient s’entendre sur ce qu’est un « bon » critère normatif. Le résultat est qu’aucun des principaux critères normatifs proposés dans la littérature ne satisfait cependant à toutes les exigences du cadre proposé. Dans le quatrième chapitre, nous proposons une forme alternative d’économie normative qui tient compte des préférences dépendantes du contexte. Notre approche diffère des autres approches proposées dans la littérature dans la mesure où elle se concentre sur le processus par lequel les moi multiples de l’individu commencent par des préférences conflictuelles et aboutissent à leurs propres préférences (une approche que nous appelons « vue de beaucoup d’endroits »). Dans le cinquième et dernier chapitre, nous introduisons le cadre ontologique de la persistance personnelle en économie normative afin de discuter certains problèmes éthiques de préférences incohérentes dans le temps. Le résultat général de cette thèse est que malgré la prolifération rapide de l’économie comportementale normative dans le domaine de la politique publique, l’économie comportementale normative doit encore pallier un nombre conséquent de problèmes méthodologies et théoriques avant de pouvoir s’affirmer en tant que champ prometteur dans la décision publique. Ce champ de recherche doit notamment faire face à deux problèmes importants qui résultent de ceux déjà étudiés dans la présente thèse. Premièrement, les problèmes éthiques liés aux changements de préférences dans le temps requièrent d’améliorer la compréhension ontologique de l’identité individuelle. Secondement, les problèmes théoriques de l’économie comportementale normative nécessitent d’être évalués par les outils du choix social : un cadre rigoureux qui nous permettrait de clarifier dans un langage formel plusieurs objections théoriques répertoriées dans la littérature critique.