Thèse soutenue

Titration morphinique inhalée aux Urgences : modernisation de la prise en charge des douleurs sévères de l'adulte

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Auteur / Autrice : Virginie-Eve Lvovschi
Direction : Marie-Pierre TavolacciLuc-Marie Joly
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la vie et de la sante
Date : Soutenance le 30/03/2020
Etablissement(s) : Normandie
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Normande de biologie intégrative, santé, environnement (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime)
Partenaire(s) de recherche : Etablissement de préparation de la thèse : Université de Rouen Normandie (1966-....) - Hôpital Charles Nicolle (Rouen, Seine-Maritime)
Laboratoire : Nutrition, Inflammation et axe Microbiote-Intestin-Cerveau (Rouen ; 2012-...)
Jury : Président / Présidente : Guillaume Savoye
Examinateurs / Examinatrices : Marie-Pierre Tavolacci, Luc-Marie Joly, Guillaume Savoye, Valeria Martinez, Agnès Ricard-Hibon, Frédéric Lapostolle
Rapporteurs / Rapporteuses : Valeria Martinez, Agnès Ricard-Hibon

Résumé

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Notre objectif était d’optimiser la prise en charge de la douleur aiguë sévère en médecine d’urgence. La titration morphinique intraveineuse qui fait actuellement référence doit se moderniser pour répondre aux nouveaux enjeux de la pratique en même temps que l’on doit garantir une balance bénéfice risque inchangée dans la lutte contre l’oligoanalgésie. Le travail décrit dans cette thèse, constitue une première étape d’évaluation d’une alternative nébulisée à la titration morphinique, à travers 3 études cliniques (AEROMORPH1, CLIN-AEROMORPH, EPIMORPH) et l’étude de son contexte dans la littérature. Des travaux chez le volontaire sain ont permis d’établir un mode opératoire avec une technique aérosol simple et accessible, de courte durée (5 min), que l’on peut répéter en titration (toutes les 10 min). Sa faisabilité est en voie d’être confirmée à grande échelle dans une étude multicentrique clinique et sa non-infériorité en termes d’efficacité est en cours d’évaluation. Des données pharmacologiques chez le volontaire sain et chez les patients confirment une concentration sanguine en morphine proche des concentrations efficaces observées en intraveineux (1 à 120 ng/ml dans CLIN-AEROMORPH), ce qui est déjà un résultat positif démontré par nos travaux. Par ailleurs, sur le plan de son éligibilité, nos données observationnelles et de simulation de décision, associées aux données médico-économiques que nous avons analysées dans la littérature, suggèrent la nécessité de baser son indication autrement que sur la simple évaluation par EVA/EN à l’accueil. Dans ce travail nous montrons que la pratique des praticiens témoigne aujourd’hui de leur manque d’adhésion au déclenchement systématique de la prescription d’opiacés Iv titrés par l’autoévaluation de la douleur sévère (de 6 à 20% de respect des critères SFMU, 61% de réinterprétation des scores EVA/EN). Si la titration aérosol est uniquement proposée en starter de la titration morphinique sans moderniser les algorithmes de décision de prescription opiacée dans les protocoles d’urgences, il est probable que cette nouvelle proposition thérapeutique ne résoudra qu’une partie de la problématique actuellement posée. Une prise en charge pharmacologique la plus individualisée possible est plus que jamais pertinente, avec une prescription ciblée de la titration morphinique selon la typologie du patient, en plus d’une priorisation par typologie douloureuse. En développant un « modèle douleur » original chez le volontaire sain, nous avons d’ailleurs mis en lumière des profils de patients « hyperesthésiques » et « endurants », sur le plan neurophysiologique et biochimique, qui sont sûrement retrouvés en pratique clinique quotidienne. L’ensemble de ces éléments doivent donc être pris en compte pour améliorer la prise en charge de la douleur en médecine d’urgence, avec une vision plus systémique, et davantage d’études dédiées, utilisant des méthodes d’évaluation innovantes mêlant critères quantitatifs robustes et qualitatifs exhaustifs.