Thèse soutenue

Ciblage thérapeutique des cellules souches cancéreuses dans le cancer ORL : associations radiothérapie – thérapies ciblées

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Auteur / Autrice : Jean-Baptiste Guy
Direction : Nicolas Charles Magné
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie cellulaire et oncologie
Date : Soutenance le 17/12/2020
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Interdisciplinaire Sciences-Santé (Villeurbanne ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de physique nucléaire (Villeurbanne, Rhône)
établissement opérateur d'inscription : Université Claude Bernard (Lyon ; 1971-....)
Jury : Président / Présidente : Philippe Céruse
Examinateurs / Examinatrices : Nicolas Charles Magné, Céline Bourgier, Jean-Louis Merlin, Cyrus Chargari, Claire Rodriguez-Lafrasse
Rapporteurs / Rapporteuses : Céline Bourgier, Jean-Louis Merlin

Résumé

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La radiothérapie est la pierre angulaire du traitement des cancers ORL. Utilisée de façon exclusive, en association à des molécules de chimiothérapie, ou en combinaison à une chirurgie, ce traitement s’expose à de nombreuses résistances. L’hypothèse majeure de la résistance à la radiothérapie est l’existence d’une sous-population de cellules radiorésistantes et migratrices appelées cellules souches cancéreuses (CSCs). L’objectif de ce travail était de cibler la sous-population de CSCs en utilisant différentes modalités de radiothérapie (photonique ou ions carbones) et en y associant des drogues ciblant spécifiquement les voies de résistance de ce type cellulaire. Après les travaux de mise au point de techniques d’analyse de la motilité cellulaire par vidéo microscopie, la première partie de la thèse s’est intéressée aux mécanismes de résistance des CSCs à la radiothérapie photonique associée au cetuximab (anticorps anti-EGFR). Si l’utilisation des photons associés au cetuximab s’est révélée inefficace sur les CSCs, les ions carbone ont montré qu’ils permettaient de diminuer l’invasion/migration cellulaire. Ce premier travail a également démontré que les CSCs étaient résistantes au cetuximab en sous-exprimant l’EGFR. La deuxième partie du travail a donc étudié l’échappement des cellules au blocage de l’EGFR par les co-récepteurs HER2 et HER3. Il a été démontré dans ce travail que les CSCs sous-exprimaient l’EGFR, mais exprimaient à l’inverse HER2-HER3. La combinaison associant cetuximab et pertuzumab (anticorps anti-HER2, boquant également la dimérisation avec HER3) a montré qu’elle permettait de cibler efficacement l’ensemble des cellules y compris les CSCs en association à la radiothérapie photonique. Cette combinaison de thérapies ciblées a permis d’inhiber significativement la prolifération cellulaire et l’invasion/migration cellulaire de plusieurs lignées de cellules de cancer ORL, et de leur sous-population de CSCs respectives. Ces données sont sous tendues par l’inhibition des voies de signalisation intracellulaires médiées par la famille HER : Ras-MAPK et Akt-mTor. Si le blocage pan-HER s’est révélé efficace, son application clinique peut poser problème en terme de tolérance. La troisième partie a donc étudié une autre voie en ciblant les mécanismes de résistance à la mort apoptotique par l’intermédiaire de la famille Bcl-2. Les CSCs inhibent la voie de mort apoptotique via une surexpression de Bcl-2. L’utilisation d’une molécule ciblant spécifiquement Bcl-2 (ABT-199) a démontré une inhibition de la prolifération, l’invasion/migration, et la croissance en sphéroïdes des CSCs. L’association de l’ABT-199 au cetuximab et la radiothérapie permettait d’inhiber ces propriétés dans la population cellulaire totale. Ces données ont été confirmées in vivo dans un modèle de souris nude xenogreffées, avec une survie prolongée des souris traitées par l’association ABT-199-cetuximab, avec une excellente tolérance. L’ensemble de ce travail démontre que le ciblage des CSCs de cancer ORL ne peut s’imaginer autrement qu’en utilisant des associations thérapeutiques. Si l’association cetuximab-radiothérapie est efficace sur la majorité des cellules, la lutte contre les récidives locorégionales ou métastatiques ne peut s’entreprendre sans cibler les voies de résistances des CSCs, par l’intermédiaire de l’hadronthérapie, des co-récepteurs HER2-3 ou de la résistance à la mort apoptotique par la famille Bcl-2.