Thèse soutenue

La polémique autour de la licéité morale du théâtre. Théâtre public et culture juridictionnelle dans l'Espagne de la Première Modernité (Madrid, 1587-1651)

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Auteur / Autrice : Maria Agostina Saracino
Direction : Jean-Frédéric SchaubFlorencia Calvo
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et civilisations
Date : Soutenance le 17/12/2020
Etablissement(s) : Paris, EHESS en cotutelle avec Universidad de Buenos Aires
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Fernando Bouza
Examinateurs / Examinatrices : Fernando Bouza, Lidia Amor, Roger Chartier, Lucas Margarit
Rapporteurs / Rapporteuses : Gabriel Entin, Darío G. Barriera

Résumé

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Cette thèse analyse les représentations sur le gouvernement politique présentes dans la polémique autour de la licéité morale du théâtre dans l’Espagne du Siècle d’Or. Dans ce but, on mène une étude sur la cible principale des polémistes : l'activité théâtrale public à Madrid entre 1587 et 1651, une période de consolidation et d'expansion du théâtre public à la cour. Le développement de la controverse et les réglementations théâtrales qui dialoguent avec elle sont examinées en relation avec trois contextes : (i) la constitution et la consolidation d'un nouveau marché culturel autour de l'activité théâtrale publique comprise comme celle réalisée dans les corrales de comedias, avec accès payant et consistant avant tout en la représentation de comedias et d’entremeses; (ii) la conjoncture politique et sociale dans laquelle se déroulent les différents épisodes de la polémique; et (iii) la trame conceptuelle et les réseaux discursifs où les interventions des polémistes s'inscrivent en tant que conditions de possibilité et limites de leur développement. Au cours de l'analyse des interventions dans la controverse, on considère le format éditorial dans lequel elles s'expriment et leur lieu d'énonciation, en particulier l’appartenance socio-corporative des auteurs. De même, on se concentre sur les trois moments les plus critiques de la polémique, les périodes 1597-1600, 1613-1621 et 1646-1651, et examine les différentes interventions et la législation théâtrale selon leur dimension pragmatique et sémantique afin de reconstruire trois aspects de la controverse : (i) la représentation du théâtre public esquissée par les polémistes et l'autorité royale lorsqu'il s'agit d'étayer leurs positions; (ii) les conceptualisations de l'office de roi et de la république ; et (iii) les mécanismes de formation de la ‘voix publique’ dans l’Espagne baroque que la polémique permet de discerner. Dans les conclusions on suggère que la controverse sur la licéité morale du théâtre public au Siècle d’Or fut l'arène et l'instrument de la lutte des factions courtoises où, d'une part, une construction conceptuelle du théâtre public marquée par la théologie morale postridentine eut lieu. D’autre part, dans le déroulement de la polémique, différents arsenaux argumentatifs s’opposèrent pour orienter l'extension du pouvoir administratif de la monarchie à ce nouveau marché culturel selon une logique confessionnelle, de Raison d'état ou de police qui, bien que n'expriment pas une rupture avec la culture juridictionnelle dominante, témoignent du développement d'une ‘voix publique’ polyphonique d'importance croissante dans l'exercice quotidien du gouvernement politique.