Thèse soutenue

Le Poète tardif. Mélancolie, vieillesse et poétique du déclin dans l’œuvre de Philippe Jaccottet

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Auteur / Autrice : Ludivine Moulière
Direction : Isabelle Chol
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française
Date : Soutenance le 06/12/2019
Etablissement(s) : Pau
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences sociales et humanités (Pau, Pyrénées Atlantiques)

Résumé

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L’omniprésence du thème du vieillissement dans la poésie de Philippe Jaccottet a déjà été relevée par de nombreux critiques. Mais elle n’avait encore jamais fait l’objet d’une analyse spécifique. Cette thèse de Ludivine Moulière, rédigée sous la direction d’Isabelle Chol, au sein du laboratoire Arts-Langage / Transitions et Relations de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, et intitulée Le Poète tardif, mélancolie, vieillesse et poétique du déclin dans l’œuvre de Philippe Jaccottet, entreprend de combler cette lacune en analysant, dans l’œuvre poétique et critique, les représentations de la vieillesse. Pour ce faire, comme y invite la théorie humorale exposée dans Saturne et la mélancolie (Klibansky, Panofsky, Saxl), le vieillir a été mis en lien avec la mélancolie, comprise dans plusieurs de ses acceptions. Ordonnant d’abord l’imaginaire de l’œuvre à la lumière de l’iconologie mélancolique, sont exposés les liens qu’entretient la représentation des éléments avec celles des âges de la vie, des saisons et des tempéraments. Cela permet de dégager l’humeur mélancolique qui informe la perception du monde en une structure bipolaire ou antithétique. Cette approche iconologique et phénoménologique laisse ensuite la place à une approche plus historique et sociologique. L’analyse des représentations de l’urbain et du jardin montre que la nostalgie, en contredisant l’héritage des Lumières et son idéal progressiste, donne au mouvement de l’histoire la forme d’un déclin graduel, qui rapproche l’historiographie jaccottéenne de l’historiographie romantique. Enfin, le commentaire de la poétique ou de la « poéthique » (Pinson) de Philippe Jaccottet montre de quelle manière l’écriture est infléchie par l’expérience du temps et de la vieillesse. La figuration du poète en « grave vieillard falcifère » (Steinmetz) s’avère ainsi participer d’une conversion axiologique à la fois de la vieillesse et de la mélancolie, en en faisant d’une part la condition d’une aspiration vers l’infini et d’un retour vers la finitude, et d’autre part le principe d’élaboration de l’éthopée jaccottéenne aussi bien que l’aboutissement de la quête lyrique de son identité.