Thèse soutenue

Mechanisms underlying the bottom-up control of sardine populations in the Gulf of Lions : insights from experiments and modeling

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Auteur / Autrice : Quentin Queiros
Direction : Jean-Marc FromentinClaire Saraux
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ecologie des communautés
Date : Soutenance le 05/12/2019
Etablissement(s) : Montpellier
Ecole(s) doctorale(s) : GAIA (Montpellier ; École Doctorale ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Unité Mixte de Recherche CNRS-IFREMER-IRD-UM 9190 MARBEC Marine Biodiversity, Exploitation and Conservation Université de Montpellier
Jury : Président / Présidente : Catherine Aliaume
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Marc Fromentin, Claire Saraux, Catherine Aliaume, Shaun Killen, Jean-Christophe Poggiale
Rapporteurs / Rapporteuses : Shaun Killen, Jean-Christophe Poggiale

Résumé

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Le golfe du Lion a été confronté à une forte baisse des captures de ses deux principales espèces exploitées, la sardine Sardina pilchardus et l’anchois Engraulis encrasicolus depuis le milieu des années 2000, malgré des populations abondantes. Cette situation est due à une forte diminution de la condition corporelle et de la taille des individus causée par une croissance plus faible et la disparition des individus les plus âgés. La surpêche, la prédation ou les épidémies ayant été rejetées pour expliquer cette situation, une hypothèse majeure reste à étudier. Un changement du régime alimentaire de ces espèces pour des proies plus petites suggère un contrôle bottom-up comme principal facteur régissant la dynamique de ces populations. Le premier objectif de la thèse était d'étudier si un contrôle bottom-up pouvait expliquer les diminutions de croissance et de condition chez la sardine suite à des modifications de taille et/ou de quantité de nourriture et de comprendre les mécanismes sous-jacents. Le deuxième objectif de cette thèse était d’étudier les facteurs potentiels conduisant à la surmortalité des adultes. Pour cela, nous avons combiné approches expérimentales et modélisation. Les expériences ont montré que la taille et la quantité de nourriture avaient un impact significatif sur la condition, la croissance et le stockage des lipides. Ainsi, les sardines nourries sur de petites proies devaient en consommer deux fois plus que celles nourries sur de grandes proies pour atteindre la même condition et la même croissance. Ces résultats semblent être liés à une dépense énergétique plus élevée des sardines filtrant les petites proies par rapport à une chasse à vue sur de grandes proies. Nos résultats suggèrent plusieurs adaptations pour faire face à des petites proies et à une restriction calorique. L'étude des branchies suggère une augmentation entre 2007-2009 et 2016 de la capacité de filtration des sardines. Ensuite, les sardines nourries avec des petites proies ont montré plus grande efficacité et abondance en mitochondrie, suggérant une adaptation permettant des économies d'énergie. Enfin, les sardines habituées à se nourrir sur de petites proies ont réduit leur activité pour limiter les dépenses énergétiques. Néanmoins, toutes ces stratégies peuvent engendrer des surcoûts ou ne pas suffire à compenser les besoins énergétiques élevés imposée par la filtration, la croissance et la condition des sardines filtrant les petites proies étant restées plus faibles au cours de toutes nos expériences. En outre, les sardines nourries avec de grosses proies présentaient une fréquence de ponte plus élevée que les sardines nourries en même quantité mais sur des petites proies. La faible production d'œufs de ces sardines pourrait s'expliquer par une condition trop élevée pour engendrer un changement de compromis énergétique. Pour les mêmes raisons, les petites proies ne semblent pas avoir d’impact sur leur immunité et leur stress, les concentrations en leucocytes et en cortisol étant similaires quel que soit le traitement utilisé. L’étude de l’hypothèse de surmortalité adulte a permis de montrer que la probabilité de survie chute fortement quand la condition devient inférieure à 0,75 et que le seuil de 0,72 correspond à l'entrée en phase III du jeûne. Alors que la proportion de sardines atteignant de tels seuils dans la nature reste faible, elle a récemment doublé, pour atteindre environ 10% en hiver. Un modèle DEB paramétré à l’aide de données in situ et expérimentales a mis en évidence une plus faible probabilité de survie des individus les plus grands. Ainsi, ceux de plus de 14 cm, c-à-d âgés de plus de 2-3 ans, ont une probabilité inférieure à 50% de survivre un mois après la période de reproduction. En conclusion, ces résultats confortent les hypothèses d'un contrôle bottom-up et d'une surmortalité des sardines adultes après la reproduction pour expliquer la dynamique et la troncature démographique de la population de sardines.