Thèse soutenue

Les formes verbales surcomposées en français

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Auteur / Autrice : Marine Borel
Direction : Denis ApothélozFrançoise Revaz
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage
Date : Soutenance le 07/06/2019
Etablissement(s) : Université de Lorraine en cotutelle avec Université de Fribourg (Fribourg, Suisse)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale SLTC - Sociétés, Langages, Temps, Connaissances (Lorraine)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Analyse et traitement informatique de la langue française (Nancy)
Jury : Président / Présidente : Carl Vetters
Examinateurs / Examinatrices : Denis Apothéloz, Françoise Revaz, Jacques Bres, Laurent Gosselin
Rapporteurs / Rapporteuses : Jacques Bres, Laurent Gosselin

Mots clés

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Résumé

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Ma recherche consiste en une analyse sémantique et morphologique des formes verbales dites « surcomposées » en français (j’ai eu fait, j’avais eu fait, j’aurai eu fait, etc.). La forme la plus fréquemment employée et la mieux représentée est la forme appelée « passé surcomposé », du type j’ai eu fait. Mais à des degrés divers, toutes les formes du paradigme sont attestées.Le passé surcomposé connaît deux emplois distincts. Le premier, appelé « standard », est attesté dans toute la francophonie. Cette forme peut être décrite comme un passé résultatif, car, par son aspect « accompli », elle pointe la phase qui, dans le passé, fait suite au procès. Utilisée en relation avec le passé composé à valeur aoristique, qui pointe le procès en cours de déroulement, elle crée des effets d’antériorité (quand il a eu mangé, il est parti).Le second emploi, dit « régional », n’est attesté que dans les domaines à substrat occitan et francoprovençal. Ce second passé surcomposé peut être décrit comme un parfait d’expérience, car il possède toujours une valeur « expérientielle », qui indique qu’il est arrivé au moins une fois à une situation donnée de se produire à l’intérieur d’un certain intervalle temporel. Pour les locuteurs qui emploient ces formes, un énoncé comme j’ai eu mangé du requin signifie ainsi il m’est arrivé au moins une fois de manger du requin. Les formes « standard » et les formes « régionales » ne sont pas seulement distinctes sémantiquement. Elles sont également différentes sur le plan morphologique : tandis que les premières sont construites par composition de l’auxiliaire (avoir eu + fait), les secondes se construisent par l’insertion du morphème eu, marqueur expérientiel, dans le syntagme verbal composé : avoir (+eu) fait. Cette différence n’est certes pas « visible » pour les formes qui se construisent avec l’auxiliaire « avoir ». Mais elle se révèle avec les verbes qui demandent l’auxiliaire « être » : les formes résultatives se construisent en effet sur le modèle de avoir été + parti (quand il a été parti, je suis allée me coucher), tandis que les formes expérientielles se construisent sur le modèle de être (+eu) parti (on est eu partis en vacances en Italie). La correspondance entre sens et forme étant absolue, la thèse défendue dans mon travail est qu’il ne s’agit pas seulement de types d’emploi distincts, mais bien de formes verbales différentes