Thèse soutenue

Un moment et un temps dans la réalité sociale et éducative contemporaine brésilienne : des relations raciales et sociales traversées par une institutionnalisation ambiguë du principe de colonialité

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Auteur / Autrice : Elodie Fressinel-Mesquita
Direction : Patricia Bessaoud-Alonso
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'Education
Date : Soutenance le 01/02/2019
Etablissement(s) : Limoges
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Humanités (Poitiers ; 2018-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Éducation et Diversités en Espaces Francophones
Jury : Président / Présidente : Gilles Monceau
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Colin, Roberta Romagnoli
Rapporteurs / Rapporteuses : Jacques Béziat, Sébastien Pesce

Résumé

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J’ai souhaité, dans ce travail doctoral, mener une réflexion sur la société brésilienne actuelle, société issue d’une histoire marquée par la colonisation portugaise et l’esclavage qui, sous la traite transatlantique, a pris un essor considérable. L’époque contemporaine, après avoir entretenue le mythe de la démocratie raciale en plaçant notamment le métissage comme garant de l’unité sociale du pays a reconnu politiquement et institutionnellement une différenciation raciale et sociale de la population, l’existence d’un racisme latent mais bien réel et des inégalités multiples qui se cristallisent et s’illustrent aussi à l’intérieur de l’école brésilienne. Dans le cadre d’une ethnicisation des politiques publiques brésiliennes et l’instauration, à partir des années 2000, des actions affirmatives, outils d’une politique de discrimination positive, des dispositifs institutionnels se mettent en place, tels qu’un système de quotas raciaux, l’instauration dans le cursus scolaire de l’obligation d’enseigner l’histoire et la culture africaine et afro-brésilienne, dans le but d’une réduction de ces inégalités et des conséquences du racisme pour une meilleure intégration de la population noire et métisse brésilienne.A la lumière de la pensée décoloniale latino-américaine, l’enjeu de ce travail était de mettre en évidence l’existence et la perpétuation au sein de l’imaginaire social-historique brésilien d’une colonialité du pouvoir, du savoir et de l’être maintenant des rapports sociaux racistes et racialisés sous couvert d’une vision eurocentrique et occidentale et une norme implicite de l’idéologie du blanchiement. Avec l’appui d’une approche théorique et méthodologique multiréférentielle alliant l’approche socio-historique, la démarche clinique et le cadre théorique de l’Analyse Institutionnelle, et la mise en place, sur le terrain d’étude, Ribeirão Preto, une ville de l’état de São Paulo, d’observations de type ethnographiques et d’entretiens compréhensifs, j’ai présenté une double analyse de mes données de terrain. L’analyse de la parole, de discours, de comportements, de situations vécues et ou relatées a permis de pointer de quelle manière se manifestaient ces différentes formes de colonialité dans et par le parcours de vie et le quotidien des personnes rencontrées. Elle a également mis en évidence une tension entre l’objectif institutionnel affiché et la mise en œuvre sur le terrain d’une politique remise en question et qui pourrait favoriser un paradigme que j’ai nommé intégrant-excluant, s’illustrant par une nécessité d’une auto-identification et d’une catégorisation d’une partie de la population brésilienne, pour bénéficier de l’obtention des mesures intégratrices qui peuvent être perçues et vécues comme excluantes et injustes. Enfin, je propose un travail de conceptualisation autour de la notion de bio-pouvoir et une réflexion autour d’enjeux éducatifs visant à aller vers un processus de décolonialité par une perspective critique interrogeant la déconstruction des significations imaginaires sociales dans une perspective de transformation de l’institutionnalisation de ce paradigme implicite mais bien présent.