Thèse soutenue

Surveiller et guérir : émergence, professionnalisation et déclin d'une première médecine de l'addiction (New York, 1861-1920)

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Auteur / Autrice : Irène Delcourt
Direction : François Weil
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et civilisations
Date : Soutenance le 23/11/2019
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Caroline Rolland-Diamond
Examinateurs / Examinatrices : Caroline Rolland-Diamond, Christian Bonah, Elsa Devienne, Romain Huret, Ghislain Potriquet
Rapporteurs / Rapporteuses : Caroline Rolland-Diamond, Christian Bonah

Résumé

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Alors que les enjeux de la prise en charge médicale de l’addiction sont particulièrement actuels et que l’épidémie d’opioïdes a renouvelé l’intérêt des historiens, des sociologues et des scientifiques pour la longue et houleuse histoire de la toxicomanie aux États-Unis, ce travail a entre autres pour objectif de démontrer que le dernier quart du XIXe siècle et les deux premières décennies du XXe siècle voient l’émergence dans l’Etat de New York d’une première médecine professionnelle de l’addiction, laquelle s’inscrit dans le processus de spécialisation de la médecine américaine de la fin du Gilded Age et de l’ère progressiste. A travers la construction et l’appropriation par un petit groupe d’experts autoproclamés d’un savoir spécialisé, les premiers « addictologues » américains, fondateurs de l’Inebriety Movement, font peu à peu émerger la théorie de « l’addiction-maladie », une pathologie moderne qui fait entrer la dépendance aux opiacés dans la sphère médicale. Ils fondent ainsi une nouvelle spécialité et instaurent progressivement une juridiction professionnelle, un domaine d’expertise et une sphère d’influence concrète qui leur permettent de s’inscrire dans les révolutions sanitaires du tournant du XXe siècle. La criminalisation de la distribution et de la consommation de narcotiques dans les années 1910, cependant, portent un coup d’arrêt au développement de la jeune profession : la figure du "narcomane" disparaît peu à peu, faisant place à celle du « junkie » et transformant les patients dépendants en criminels et en déviants, les soustrayant provisoirement à l'autorité médicale.