Thèse soutenue

Théorie critique et sécularisation

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Auteur / Autrice : Frédéric Menager
Direction : Pierre Bouretz
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Etudes politiques (option : Philosophie politique)
Date : Soutenance le 19/11/2019
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Johann Michel
Examinateurs / Examinatrices : Johann Michel, Danielle Cohen-Levinas, Vincent Delecroix, Marc Buhot de Launay, Nicolas Poirier
Rapporteurs / Rapporteuses : Danielle Cohen-Levinas, Vincent Delecroix

Résumé

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La Théorie critique n’est pas un ensemble figé d’auteurs rassemblés dans une école mais elle se déploie plutôt comme un style de pensée. Parmi les particularités de ce style de pensée, la référence constante à des concepts issus de la théologie et du vocabulaire religieux est à la fois indéniablement connue des meilleurs commentateurs comme Martin Jay, mais reste faiblement considérée ou expliquée de manière systématique. Ce travail ambitionne de fournir à la fois une cartographie et une généalogie de l’utilisation de ces concepts en étudiant donc cet aspect sous des dehors génétiques afin d’en expliquer les sources et sous des dehors structurels afin d’expliquer l’apport fonctionnel dans l’économie générale de la Théorie critique. Un autre aspect réside dans la nécessaire confrontation de cette signification interne à la Théorie critique à la querelle de la sécularisation qui a traversé la vie philosophique allemande depuis 1922 et la publication de la Théologie politique de Schmitt. A cette fin nous avons étudié un corpus qui s’étend des fondateurs de ce qu’il est convenu d’appeler l’Ecole de Francfort aux représentants ultérieurs qui ont été regroupés sous le vocable de tournant communicationnel, mais aussi à des auteurs proches qui partagent ce rapport à la sécularisation du théologique come Bloch ou Kracauer. L’étude porte sur les concepts eux-mêmes et n’obéit pas à une logique historique ou à une logique de classification par auteurs. Une approche centrée sur les grands mouvements et modifications des concepts a été privilégié. La coupure paradigmatique a cependant été intégrée puisqu’elle recoupe à la fois un tournant historique, méthodologique et conceptuel. Les postions des différents auteurs ont été comparées entre elles et leur signification mises en rapport à la fois avec le structures théologiques sous-jacentes, en particulier autour de la notion de messianisme juif, mais aussi avec les lignes de force des discussions autour du Théorème de sécularisation. Cet usage de concepts théologiques sécularisés permet de considérer que le paradigme communicationnel se pose aussi comme une réponse à certaines difficultés nées de l’usage antérieur des concepts théologiques sécularisés et s’inscrit dans le passage d’une théorie de la domination à une théorie de la démocratie. Cette transformation amène un glissement de la théologie sécularisée vers une philosophie politique de la religion. En outre, Nous en sommes venus à constater que la Théorie critique redéfinit le champ épistémique de la querelle de la sécularisation en proposant une alternative au débat Löwith-Blumenberg. Cette position constitue au-delà des métamorphoses de la Théorie critique un ferment d’unité, annonçant un modèle de conception de la sécularisation complexifié. Ce dernier appelle désormais une modélisation systématique afin de rendre compte de l’aporie entre persistance de la puissance de la pensée religieuse hétéronome et déclin de l’emprise de cette dernière sur l’organisation politique et juridique des sociétés devenues autonomes.