Thèse soutenue

Développement, temps et attention : comportements et modélisation.

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Auteur / Autrice : Quentin Hallez
Direction : Sylvie Droit-Volet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 18/07/2019
Etablissement(s) : Université Clermont Auvergne‎ (2017-2020)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des lettres, sciences humaines et sociales (Clermont-Ferrand)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Laboratoire de psychologie sociale et cognitive (Clermont-Ferrand ; 1984-...)
Laboratoire : Laboratoire de psychologie sociale et cognitive (Clermont-Ferrand ; 1984-...)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Martial Mermillod, François Osiurak, Anne-Claire Rattat
Rapporteurs / Rapporteuses : Sandrine Gil, Valérie Tartas

Mots clés

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Résumé

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L’objectif de cette thèse est d’étudier le développement des conduites temporelles et leurs changements en fonction des contextes et des capacités cognitives des enfants, afin de proposer un modèle des distorsions du jugement du temps. Un ensemble de 9 études expérimentales ont été réalisées dans cette thèse s’inscrivant dans 3 axes principaux. Axe 1 – Temps et neuropsychologie développementale. Cet axe a pour but d’examiner le rôle des capacités cognitives (attention, mémoire, vitesse de traitement) dans les distorsions du jugement du temps chez l’enfant. Pour cela, des enfants âgés de 5 à 8 ans, ainsi que des adultes, ont été soumis à des paradigmes de distracteur attentionnel et de double-tâche, avec des tâches concurrentes de nature différente, soit non-temporelle (discrimination de couleurs) soit temporelle (discrimination ou reproduction de durées). Les capacités des enfants étaient évaluées au moyen de différents tests neuropsychologiques. Les résultats montrent que les distorsions du temps (sous-estimation du temps) chez l’enfant sont liées à leurs capacités attentionnelles limitées, plus particulièrement à leurs capacités en termes d’attention sélective dans le cas de la double tâche et d’inhibition dans celui de la distraction attentionnelle. Ainsi, deux mécanismes attentionnels impactent le jugement du temps, l’un lié au déclenchement du traitement du temps « attentional switch » et l’autre aux ressources attentionnelles « attentional gate ». Néanmoins, quand le sujet doit traiter deux durées en parallèle, on n’observe pas de sous-estimation temporelle, voire au contraire une surestimation du temps. De plus, cette distorsion du temps n’est plus liée aux capacités cognitives de l’enfant, même s’il est plus difficile pour l’enfant de réaliser une seconde tâche temporelle qu’une seconde tâche non-temporelle. Cela suggère l’existence d’un système d’horloge interne (ou de plusieurs horloges) capable de traiter de façon indépendante de multiples durées. Cependant nos résultats montrent que des processus attentionnels interfèrent avec ce système, causant dès lors des distorsions temporelles. Axe 2 – Temps et contexte. Dans le cadre de cet axe, on a étudié l’influence du contexte temporel sur les distorsions du temps chez l’enfant et l’adulte, selon l’ordre de présentation des durées dans la séance expérimentale, leur modalité sensorielle (visuelle ou auditive), et la signification sociale du stimulus à estimer (état de l’autre). Les résultats montrent la forte influence des contextes sur le jugement des durées chez le jeune enfant. En effet, ils font preuve de plus grandes surestimations du temps quand les durées varient de modalité sensorielle d’un essai à l’autre. Leur jugement temporel est aussi plus influencé par la valeur des durées présentées auparavant. Ils sont également sujets à plus de distorsions temporelles, incorporant dans leurs estimations l’état perçu chez l’autre (mouvement, émotion), bien que l’acquisition explicite de la théorie de l’esprit accentue ces distorsions. De plus, nos résultats montrent que l’amplitude de ces distorsions du temps contextuelles est directement liée aux capacités cognitives de l’enfant, notamment de ses capacités d’attention et de mémoire de travail. Ces résultats témoignent de l’influence déterminante du développement des fonctions cognitives sur le jugement du temps. Axe 3 – Temps et modélisation. Dans ce 3ème axe, on a entrepris une modélisation en réseaux de neurones (Simple Reccurent Network et Multi-Layer Perceptron) permettant de proposer un nouveau modèle développemental du jugement du temps, alliant des processus automatiques d’horloge interne à des processus cognitifs interférents. Notre modèle permet de prédire de façon satisfaisante les distorsions du temps chez l’homme à différents âges. Notre modèle est donc apte à simuler les biais de jugement temporel sur la base des différences cognitives inter- et intra-individuelles. [...]