Thèse soutenue

L’institution de l’expertise. : Une analyse des déterminants, des usages politiques et de la crédibilité scientifique de l’expertise, à partir du cas des expertises collectives INSERM et INRA.

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Auteur / Autrice : Vincent Caby
Direction : Antoine Roger
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance le 14/01/2019
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Bordeaux)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Émile Durkheim - Science politique et sociologie comparatives (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Andy Smith
Examinateurs / Examinatrices : Andy Smith, Céline Granjou, Annabelle Littoz-Monnet, David Demortain, Claudio Maria Radaelli
Rapporteurs / Rapporteuses : Céline Granjou, Annabelle Littoz-Monnet

Mots clés

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Résumé

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L’expertise scientifique joue un rôle croissant dans la fabrique du politique dans les démocraties. Elle contribue à façonner et orienter les problèmes publics et leurs solutions, de façon relativement autonome par rapport à l’élection des décideurs. Ce rôle est justifié par la complexité grandissante des problèmes et solutions dans les sociétés techniques. Dans cette thèse, nous investiguons les fonctions de l’expertise scientifique jugée crédible par les décideurs. A contrario des prétentions universalistes de la Knowledge Literature et de l’Evidence-Based Policy, nous construisons une théorie de moyenne portée des usages spécifiques, d’une forme d’expertise particulière, dans un contexte donné. Un tel triptyque permet de réconcilier deux approches contradictoires de l’usage de l’expertise. L’une « externaliste » promue par l’analyse des politiques publiques explique son utilisation par le contexte. L’autre « internaliste » défendue par une variété de courants, la justifie par les caractéristiques propres de l’expertise. Pour ce faire, nous investiguons l’utilisation que font en France dans les années 2000 les ministères de la santé et de l’agriculture des expertises collectives INSERM et INRA – méthode d’expertise proche des revues systématiques de la littérature. Dans cette perspective, nous objectivons successivement : les critères d’appréciation des expertises collectives tels qu’utilisés par les décideurs, les types d’usages qu’ils attendent et font de ces expertises, les contextes dans lesquels ils les mobilisent. Notre investigation est aussi l’occasion de clarifier les indicateurs des types d’usage en même temps que les facteurs contextuels les favorisant. Nous mettons en lumière les effets d’autorité et de vérité des expertises collectives sur les acteurs du débat public et de cadrage sur les problèmes publics et leurs solutions. Nous rendons aussi compte de la façon dont l’expertise gagne sa crédibilité scientifique (et son producteur une légitimité scientifique ou réputation) auprès des décideurs. Croisant les travaux de la sociologie des sciences, et des études de la communication, nous établissons que la crédibilité de l’expertise dépend de la conjugaison d’investissements de forme et de fond. Nous montrons que ces dispositifs rhétoriques et pratiques ne sont pas librement accessibles mais exigent des connaissances et compétences particulières. Renouant avec la sociologie de l’expertise, nous constatons que la nature et la réputation de la méthode et des instituts sont le produit d’une histoire longue dans laquelle les chercheurs – leurs positions et représentations, leurs réflexions, actions et interactions – jouent un rôle clef. Sur un plan empirique, notre thèse constitue une des pièces du puzzle de l’émergence des expertises collectives et revues systématiques de littérature en France au cours des vingt dernières années.D’un point de vue méthodologique, notre thèse mobilise une variété de méthodes : qualitative (entretiens individuels, observations ethnographiques, travail d’archive, études de cas) et quantitative (statistiques descriptives, analyse de correspondances multiples et classification hiérarchique ascendante).