Thèse soutenue

L'infini en poids, nombre et mesure : la comparaison des incomparables dans l'œuvre de Blaise Pascal

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Auteur / Autrice : João F. N. B. Cortese
Direction : David RabouinLuís César Guimarães Oliva
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie, épistémologie. Épistémologie, histoire des sciences et des techniques
Date : Soutenance le 30/10/2017
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité en cotutelle avec Universidade de São Paulo (Brésil)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Savoirs scientifiques : Epistémologie, histoire des sciences, didactique des disciplines (Paris ; 2000-2019)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019)
Laboratoire : Laboratoire Sciences philosophie histoire (Paris ; 2009-....)
Jury : Président / Présidente : Sabine Rommevaux
Examinateurs / Examinatrices : David Rabouin, Luís César Guimarães Oliva, Sabine Rommevaux, Dominique Descotes, Valter Alnis Bezerra
Rapporteurs / Rapporteuses : Dominique Descotes, Valter Alnis Bezerra

Résumé

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Ce travail montre l'unité de l'œuvre de Pascal dans ce qui concerne la « comparabilité des incomparables » : la comparaison, langagière ou mathématique, qui se fait entre des choses qui ne pourraient pas en principe être rapprochées. Il s'agit de faire une approche historique et linguistique pour poser des questions philosophiques par rapport à la comparaison, notamment sur le rôle de principe que l'infini y joue selon Pascal. Nous identifions la comparaison des incomparables sous trois formes.La première partie de ce travail est consacrée à formuler une forme rhétorique d'analogie que nous nommons l'« analogie de disproportion » (nous inspirant de Secretan 1998). Si l'analogie est généralement dite faire une comparaison entre deux rapports, chacun desquels existe entre des choses homogènes, l'analogie de disproportion permet en revanche de montrer une ressemblance entre des rapports d'hétérogénéité, entre des disproportions ou entre des distances infinies: deux choses sont aussi différentes entre elles que deux autres. Pascal étant un auteur qui souligne surtout les disproportions, nous montrons qu'il compare ces disproportions, notamment pour délimiter à l'homme ce qu'il ne peut pas connaître parfaitement.La deuxième partie analyse la pratique mathématique de Pascal « en poids, nombre et mesure » : il s'agit de montrer que dans la méthode des indivisibles des Lettres de A. Dettonville, dans le Traité du triangle arithmétique et dans la comparaison du courbe et du droit, toujours l'infini (ou plutôt l'indéfini) intervient comme un facteur qui permet la comparabilité de ce qui semblait être incomparable. La troisième partie fait une discussion proprement philosophique sur l'infiniment petit et l'infiniment grand, prenant en compte la pratique mathématique de Pascal analysée dans la deuxième partie. Il est question de discuter sur la nature des « indivisibles », des « différences » et des « distances infinies ». Nous proposons que l'« infini » dans la pratique mathématique de Pascal relève plutôt de l'« indéfini », reliant cela à une distinction entre le sens absolu et le sens relatif des mots. Une exception dans la pratique mathématique de Pascal est la géométrie projective, où il faut accepter des éléments à distance infinie. La « rencontre » des deux infinis, finalement, permet de montrer la réciprocité de l'infini de grandeur et de l'infini de petitesse. Une discussion est faite à ce propos, reliant la proportion inverse entre les deux infinis à la grandeur et la petitesse de l'homme et au caractère paradoxal de certaines vérités selon Pascal, lesquelles sont résolues dans la personne du Christ. On conclut que Pascal propose non pas une connaissance directe de l'infini, mais plutôt une approche à la relation que l'homme, être fini, possède avec l'infini