Thèse soutenue

De la tribu à l'empire : le rôle des représentations primitives dans le processus de politisation nomade. L'influence du loup clanique dans la construction et l'expansion de l'Empire mongol de Gengis Khan

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Dimitri Deat
Direction : Jean-Paul Joubert
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance le 12/10/2017
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Etablissement opérateur de soutenance : Université Jean Moulin (Lyon ; 1973-....)
Jury : Président / Présidente : Christian Grataloup
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Paul Joubert, Christian Grataloup, Jean-Vincent Holeindre, Gérard Chaliand, Jean-Pierre Leca
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Vincent Holeindre

Résumé

FR  |  
EN  |  
MN

Participant à une certaine opacité dans son étude générale, la civilisation nomade des steppes Eurasiatiques fut longtemps considérée comme apolitique et symboliquement ancrée dans la barbarie. Cependant, cette dernière demeure un sanctuaire d’investigation scientifique à l’intérieur duquel le politique s’est considérablement manifesté par la création de nombreuses confédérations tribales. Opérant son entrée dans l’histoire de l’humanité en tant qu’élément perturbateur des sociétés sédentaires, les peuples de la Haute Asie ont ainsi participé, durant près de deux mille ans, à la chute, au bouleversement ou au renouveau des plus grandes civilisations. La création et l’expansion de l’empire gengiskhanide, dès le début du XIIIème siècle a permis de démontrer la faculté pour ces populations de pasteurs nomades d’opérer d’importantes modifications au sein même de leur morphologie sociale, et ce pour les besoins du politique et de la guerre vers l’extérieure. Cependant examinée de l’intérieur, cette civilisation atypique n’en reste pas moins problématique, notamment du fait de son actualisation culturelle. Cette dernière, accomplie au travers de concepts socio culturels alliant pensée animiste, spiritualité chamanique et utilisation de représentations sociales à aspects zoomorphiques, ne semble rentrer dans aucune grille de lecture impériale. La symbolique du loup est ainsi devenue omniprésente dans l’évolution de la morphologie tribale altaïque, participant à une unification massive des tribus turco-mongoles sous l’hégémonie hiérocratique de Gengis Khan. Devenu progressivement élément mythologique attracteur, l’animal carnassier s’est ainsi frayé une place de choix au sein de la mentalité collective nomade, participant directement au chamboulement de la morphologie tribale, pour les besoins du politique et de l’expansion de la civilisation des steppes en terres sédentaires. Au delà de la simple utilisation lycanthropique de l’ancêtre clanique, sa symbolique, réutilisée habilement par Gengis Khan, est en mesure de démontrer à la fois le dynamisme politique à apposer aux sociétés considérées à tort comme «primitives», tout comme l’instauration d’une identité sociale et d’une idéologie guerrière prédatrices. Etablissant de ce fait l’entité nomade comme antagonique mais complémentaire avec la pensée et l’histoire humaine sédentaire.