Thèse soutenue

Ego viator : Ecrire le Levant à la fin de la Renaissance

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Auteur / Autrice : Etienne Jouhaud
Direction : Bertrand WestphalChristine de Buzon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française, générale et comparée
Date : Soutenance le 17/11/2017
Etablissement(s) : Limoges
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, pensée, arts et histoire (Poitiers ; 2009-2018)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Espaces Humains et Interactions Culturelles
Jury : Président / Présidente : Anne Duprat
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne Duprat, Frank Lestringant

Résumé

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A la fin de la Renaissance l'Empire ottoman est bien connu du public européen. Tout au long du XVIe siècle, récits de voyages, de captifs, ouvrages de mœurs, ouvrages cosmographiques dessinent une certaine image du « Turc » et de la partie du monde sur laquelle il a établi son pouvoir. Objet de fascination et de profonde inquiétude, l'Empire des sultans intéresse l’Europe chrétienne en proie à des guerres intestines. Les voyageurs qui entreprennent le voyage ou qui commencent à rédiger un récit de leur expérience à partir des années 1570 le font donc avec, à l'esprit, le parcours des auteurs qui les ont précédés. Ils doivent faire avec l’image de l’Autre qui s’est progressivement imposée. La pression évidente que la bibliothèque exerce sur le texte viatique pousse les rédacteurs à chercher de nouvelles modalités d’expression. Ils posent à neuf la dialectique constamment maintenue par la prose viatique tout au long du XVIe siècle entre le récit de l’expérience et l’utilisation des ressources livresques. Parmi ces voyageurs-auteurs une nouvelle classe paraît se distinguer. Elle cherche à se démarquer des voyageurs antérieurs et des contemporains en accordant plus de place à l'expression personnelle au sein des récits. Cette classe nous l'avons circonscrite à celle des gentilshommes qui trouvent, dans le cadre d'échanges de plus en plus fréquents avec le Levant, qu'il s'agisse d’échanges diplomatiques ou commerciaux, de nouveaux terrains pour s’affirmer. Tout en tenant à ne pas se présenter comme des savants, les gentilshommes s’attachent à mettre en évidence leur appartenance de classe et cela passe, en partie, par l’affirmation de leur présence dans le texte, qui semble plus manifeste que dans les ouvrages antérieurs. L’ego du voyageur du début de l’époque moderne n’est en rien égotiste. Mais l’évocation plus précise de l’expérience personnelle marque une évolution non négligeable de la prose viatique. D’autant que celle-ci nous invite à penser qu’elle est le corollaire d’un changement progressif des rapports que l’Occident entretient avec l’Orient.