Thèse soutenue

Les allégories et métaphores maternelles dans les discours publics en France (1789-1914)

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Auteur / Autrice : Brigitte Demeure
Direction : Françoise ThébaudJacques Guilhaumou
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 17/03/2017
Etablissement(s) : Avignon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 537 « Culture et patrimoine » (Avignon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Norbert Elias
Jury : Président / Présidente : Yannick Ripa
Examinateurs / Examinatrices : Françoise Thébaud, Jacques Guilhaumou, Yannick Ripa, Sophie de Mijolla-Mellor
Rapporteurs / Rapporteuses : Yannick Ripa, Sophie de Mijolla-Mellor

Résumé

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C.G. Jung et ses proches collaborateurs ont souligné l’importance de l’imago maternelle aussi bien pour les individus que pour les groupes et les sociétés. Si cette thématique n’a guère été développée dans l’œuvre de Freud, cela n’est pas la cas pour les psychanalystes freudiens des générations suivantes, citons à cet égard Mélanie Klein ou D.W. Winnicott par exemple. Il revient tout particulièrement aux travaux des psychanalystes français Didier Anzieu et René Kaës d’avoir tenté d’articuler l’individuel et le collectif dans leurs travaux sur les groupes, et d’avoir confirmé l’équivalence du groupe et du complexe ou de l’imago maternels.1 Dans cette thèse j’ai souhaité examiner et évaluer l’importance de cette représentation maternelle dans la vie politique française tout au long de ce qui constitue une période fondatrice pour la vie politique française contemporaine, de la Révolution à la Première guerre mondiale. J’ai choisi de procéder à cette étude à partir des métaphores et allégories maternelles que l’on trouve dans les discours publics, ceux-ci incluant aussi bien les discours politiques proprement dits que les discours prononcés lors de distribution de prix à l’école, par exemple. Je ne procède pas, ou très peu, à des interprétations psychanalytiques, sauf lorsque cela me semble évident. Le cadre de référence actualisé de ma thèse est constitué par la recherche historique, mais la psychanalyse en représente « le cadre fantôme ou complémentaire», pour reprendre l’heureuse expression de René Kaës. A la suite de cette recherche, force est de constater l’emploi généralisé des métaphores et allégories maternelles dans la plupart des discours publics de cette période, sous des formes multiples : citons par exemple la Nature pendant la Révolution, la Jérusalem céleste puis la Vierge Marie dans le camp conservateur et d’autres représentations créés par les premiers socialistes, dont la Communauté (Etienne Cabet), ou bien encore la France maternelle et messianique de Michelet, la patrie des Républicains, la religion de l’Humanité du positivisme,celle de la Terre et des Morts de Barrès, etc.. La métaphore et l’allégorie maternelle constituent alors la promesse d’un idéal et/ou la demande de soumission. Ces figures maternelles ont des enfants, et dans les discours publics principalement des fils. Cette thèse constate l’importance de la relation privilégiée entre la mère et ses fils au niveau politique. Le « premier » de ces fils se pose le plus souvent en tant que porte-parole ou interprète de la métaphore à laquelle il se réfère : Robespierre, Napoléon Ier et Gambetta en sont quelques exemples. Dans le contexte imaginaire et idéologique induit par ces métaphores et allégories maternelles, l’individu et la femme en tant que tels, n’existent guère, la relation entre la Mère et son Fils constitue le principal modèle d’identification proposé.