Nikolaj Kljuev de 1917 à la fin des années 1920 : trajectoire intellectuelle et oeuvre poétique
Auteur / Autrice : | Daria Sinichkina |
Direction : | Catherine Depretto |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études slaves |
Date : | Soutenance le 10/12/2016 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Civilisations, cultures, littératures et sociétés (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : EUR'ORBEM (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Laure Troubetzkoy |
Examinateurs / Examinatrices : Isabelle Després, Michel Niqueux |
Mots clés
Résumé
Nikolaj Kljuev (1884-1937) est l’une des figures les plus fascinantes de l’« Âge d’argent » russe et du modernisme. Longtemps interdite après son exécution, son œuvre n’a été redécouverte qu’à la faveur du « boom » éditorial de la perestroïka, la publication de poèmes épiques tardifs suscitant un vif intérêt pour son œuvre témoignage de la violence de la collectivisation. Né dans le Nord russe, engagé pour la cause paysanne, correspondant d’Alexandre Blok entre 1907 et 1915, idéologue du néo-populisme dans les années 1910, bolchevik en 1919, Kljuev est devenu, dans les années 1920, une référence pour la génération des jeunes poètes soviétiques (Harms, Vvedenskij, etc.), un conservateur de la culture russe ancienne et un modèle d’anti-comportement, dans le contexte d’un champ littéraire en pleine reconfiguration. Attirant un public très divers, modulant sa personnalité littéraire et sa voix en fonction de son auditoire, Kljuev s’épanouit sur scène comme dans le cadre privé du cercle et du couple. Alors qu’il a trouvé, au cours des années 1910, un matériau esthétique de choix dans le folklore russe, la vieille foi et les chants populaires, c’est le « je » qui demeure au centre de son univers poétique, sous la forme d’un héros lyrique évoluant au sein des cycles. Ceux des années 1917-1932 occupent une place cruciale dans sa trajectoire poétique, dans la mesure où c’est en leur sein que s’élabore le « cosmos de l’Isba », au cœur de l’univers poétique kljuevien. Éminemment charnel et homoérotique, le «je» est aussi désincarné dans un Verbe qui devient le vecteur de l’intentionnalité du texte poétique, au même titre que les masques du poète se font le véhicule de son identité narrative.