Thèse soutenue

Mécanismes osmorégulateurs chez les juvéniles d'esturgeon perse (Acipenser persicus) durant une acclimatation à la salinité de la mer Caspienne

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Auteur / Autrice : Seyedeh Ainaz Shirangi
Direction : Jehan-Hervé Lignot
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ecophysiologie adaptative
Date : Soutenance le 14/12/2016
Etablissement(s) : Montpellier en cotutelle avec Tarbiat Modares University. Faculty of Natural Resources and Marine Sciences (Téhéran)
Ecole(s) doctorale(s) : GAIA (Montpellier ; École Doctorale ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Unité Mixte de Recherche CNRS-IFREMER-IRD-UM 9190 MARBEC Marine Biodiversity, Exploitation and Conservation Université de Montpellier
Jury : Président / Présidente : David J. McKenzie
Examinateurs / Examinatrices : Jehan-Hervé Lignot, David J. McKenzie, Guy Claireaux, Christel Lefrançois, Saber Khodabandeh, Mohammad Reza Kalbassi
Rapporteurs / Rapporteuses : Guy Claireaux, Christel Lefrançois

Mots clés

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Résumé

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Afin de repeupler la mer Caspienne, la propagation artificielle de l’esturgeon Acipenser persicus est maintenant une pratique courante avec rejets annuels de juvéniles directement en mer. Cependant, une forte mortalité est régulièrement observée suite à la libération directe en mer de juvéniles pesant 2-3 g. L'objectif a donc été d'analyser les capacités d’acclimatation de juvéniles de l’eau douce à l’eau saumâtre et d'identifier un moyen possible d’améliorer les taux de survie d’esturgeons de moins de 3 g.Dans une première partie, l'effet de transferts abruptes ou progressifs sur 5 jours de l'eau douce (ED) à une salinité de 11‰ (salinité de la mer Caspienne, CSW) a été étudié chez des juvéniles de 1 à 2 g, 2 à 3 g et de 3 à 5 g. Ont été mesurés les taux de mortalité, l'osmolalité plasmatique, l’expression et la localisation (branchies, reins, valvule spiralée, caecum pylorique) des principales protéines de transport : la Na+, K+-ATPase (NKA), la H+-ATPase vacuolaire (VHA), le Na+, K+, 2Cl- (NKCC) et la ‘Cystic Fibrosis Transmembrane conductance Regulator’ (CFTR). Une étude des changements d'expression génique et protéique de la NKA au niveau des branchies a également été effectuée. Enfin, une étude ultrastructurale (TEM et SEM) des cellules à chlorure branchiales a été effectuée.Dans une deuxième partie, un traitement hormonal avec le cortisol a été effectué afin d’améliorer la capacité d'acclimatation. Des juvéniles de moins de 2g ont été traités pendant 24h en ED avec des bains de cortisol à 3 concentrations différentes : 3, 5 et 7 mg.l-1. Les poissons ont été ensuite directement transférés de l'eau douce à la CSW et échantillonnés après 1, 4 et 9 jours après transfert en CSW. Les taux de mortalité, l'osmolalité plasmatique, le nombre et l’aire des cellules à chlorure des branchies ont été évalués.Ainsi, les poissons de plus de 3 g sont capables de survivre et s’acclimatent à la CSW. Malgré une augmentation initiale de l'osmolalité plasmatique après transfert de salinité, les juvéniles réduisent ensuite leur osmolalité plasmatique jusqu'à la pression osmotique de la mer Caspienne. Cependant, beaucoup de poissons de moins de 3 g ne peuvent survivre à l’augmentation brutale de salinité et la pression osmotique du sang des poissons survivants reste élevée. L’expression de la NKA et du NKCC, la taille et le nombre des cellules à chlorure des branchies sont également plus élevés. Les juvéniles pesants plus de 2 g augmentent aussi fortement leur activité de NKA branchiale après transfert de salinité. L'étude ultrastucturale a révélé des surfaces apicales similaires pour les cellules à chlorure branchiales des poissons en ED et acclimatés à la CSW. Le cytoplasme de ces cellules dans les poissons pesant plus de 2 g apparait plus dense et gonflé par rapport aux poissons pesant moins de 2 g. Cela pourrait être dû à l'allongement des replis de la membrane basale (réseau tubulo-vésiculaire) et/ou à une densité plus élevée des mitochondries. L’expression branchiale du gène NKA des poissons acclimatés à la CSW est apparue d'abord sur- puis sous-exprimée 4 jours après le transfert de salinité pour atteindre le niveau des poissons en ED. Au niveau intestinal et des reins, aucune différence n'a pu être détectée entre les différents groupes de poids suite au transfert de salinité. Malgré une osmolarité plasmatique réduite, le nombre et la taille des cellules à chlorure des poissons traités avec le cortisol montrent 9 jours après transfert, les mêmes tendances que celles observées pour les poissons non traités.Ainsi, cette étude a révélé que seuls les esturgeons juvéniles de plus de 3 g peuvent être directement rejetés en mer Caspienne. Pour les poissons de 2-3 g, un protocole spécial pendant le transfert de salinité doit être considéré alors que les poissons pesant moins de 2 g ne peuvent tolérer une augmentation de salinité même après un traitement au cortisol.