Thèse soutenue

Un monde en mutation : jeunesse, internet et politique : les cas du mouvement étudiant MANE en Colombie et du mouvement Acampa Sampa Ocupa Sampa au Brésil : (2011)

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Auteur / Autrice : Martha Liliana Galindo ramirez
Direction : Guy Saez
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance le 09/12/2016
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Pacte, laboratoire de sciences sociales (Grenoble, Isère, France)
Jury : Président / Présidente : Anne Muxel
Examinateurs / Examinatrices : Carles Feixa
Rapporteurs / Rapporteuses : Carmen Leccardi, Dominique Boullier

Résumé

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Cette thèse analyse les transformations des pratiques politiques des jeunes liées à l’usage d’Internet, en particulier de Facebook, en 2011 dans le cas du mouvement pour l’éducation Mane -Mesa Amplia Nacional Estudiantil- en Colombie et du mouvement d’occupation Acampa Sampa Ocupa Sampa au Brésil. Ce travail intègre des entretiens, l’élaboration de bases de données issues des pages Facebook et l’étude des dynamiques en ligne et hors ligne en soulevant des singularités et des enjeux méthodologiques. Il examine des modalités d’appropriation de Facebook ainsi que le statut de la jeunesse, les rapports au politique et la place d’internet. Les entretiens en face-à-face et l’analyse des bases de données des pages Facebook ont permis d’établir les contenus des revendications, les appels des mouvements, la mise en évidence occasionnelle des mécontentements et des disputes, l’administration singulière et l’utilisation différenciée des divers outils numériques, les usages des réseaux sociaux qui ont eu une grande capacité de rassembler et qui ont aussi été au cœur des polémiques autour des intérêts personnels, partisans ou collectifs des mouvements. Les mouvements étudiés partagent des caractéristiques semblables tout en ayant des singularités par rapport à : leur mode d’émergence, leurs liens avec des mobilisations précédentes, leurs principes, leurs revendications, leurs modes d’organisation et d’appropriation d’Internet et du réseau Facebook et leurs relations à la rue et au web, à l’espace et au temps, à la visibilité et l’invisibilité. La question de « l’apartisanisme » est présente dès l’origine, que ce soit à travers l’activité des mouvements hors ligne ou en ligne. Elle est en partie la cause de conflits qui ont eu lieu à l’intérieur des mouvements. L’affirmation de « l’apartisanisme » a participé au succès des mouvements et elle explique également leur essoufflement. L’analyse de likes, de partages et de commentaires a permis de repérer : l’enthousiasme qui se manifeste au moment de leur essor, les moments de déclin, les rapports avec la police et les autorités locales, les échanges et débats internes, les appels « officiels » des administrateurs des pages et les réponses de sympathisants ou des personnes critiques à l’égard de certaines manières de décider et d’orienter les mouvements. L’approche de la jeunesse, en tant que catégorie construite et déterminée par son contexte, est bouleversée d’une part, par l’irruption du numérique et, d’autre part, par la remise en cause du moratoire social. En faisant le lien entre ces deux bouleversements, un troisième élément apparaît conduisant à un nouveau questionnement. La condition de jeunesse semble s’élargir (plus de temps et de conditions matérielles pour les loisirs et l’oisiveté) alors qu’elle se rétrécie avec les orientations économiques actuelles qui amplifient l’importance du marché et démantèlent peu à peu les politiques favorables au moratoire social. Dans ce contexte où l’accentuation des contraintes est allée de pair avec l’émergence de nouvelles possibilités d’action, ces mouvements sociaux ont eu comme objectif de dénoncer le fonctionnement restreint de la démocratie, de remettre en cause la concentration de la richesse et du pouvoir, d’expérimenter de nouvelles formes de protestation et de mobilisation en mettant en rapport les problèmes locaux avec des dynamiques internationales, en participant à une mouvance transnationale de contestation. Ce travail insiste sur la nécessité de surmonter l’opposition réel versus virtuel, d’éviter de traiter le numérique comme le miroir de l’univers non numérique ou de réduire chacune de ces dimensions l’une à l’autre. Il souligne la portée, les spécificités et les imbrications des ordres de réalité en ligne et hors ligne et constate une cohabitation entre des formes d’action différentes, avec à la fois des transformations et des continuités.