Thèse soutenue

Revendications sociolinguistiques et identitaires de la population caribéenne au Costa Rica
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Auteur / Autrice : Lucie Dudreuil
Direction : Dominique Breton
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études ibériques et ibéro-américaines
Date : Soutenance le 15/06/2016
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : AMERIBER-Amérique latine, Pays ibériques (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Christian Lagarde
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Breton, Dante Barrientos Tecún, Cecilia González, Mario Portilla Chaves
Rapporteurs / Rapporteuses : Christian Lagarde, Dante Barrientos Tecún

Résumé

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Tout au long du XIXe siècle, le Costa Rica a construit son identité nationale sur l’idée de « pureté et de blancheur de la race costaricienne ». C’est dans ce paradigme identitaire qu’une population afro-caribéenne provenant majoritairement de la Jamaïque est arrivée sur la côte caribéenne pour travailler à la construction du chemin de fer et dans les plantations bananières à partir des années 1870. Cette population « noire », qui ne parlait pas l’espagnol, mais l’anglais et un créole à base d’anglais, constituait « un obstacle » au projet d’identité nationale. L’année 2015 marque un tournant, car le Costa Rica vient de se redéfinir comme une « République […] multiethnique et pluriculturelle » par un amendement constitutionnel de l’article premier. Cette thèse retrace le processus complexe d’intégration de la population afro-caribéenne au Costa Rica de 1870 à 2015 et défend l’idée qu’une reconfiguration du paradigme de l’identité nationale costaricienne s’est amorcée depuis la zone la plus périphérique du Costa Rica (la province de Limon) et en grande partie par le biais des revendications sociolinguistiques et identitaires de la population caribéenne. En effet, la politique linguistique concernant l’espagnol et les langues indigènes centrées sur la relation du citoyen à la langue officielle est contrariée par la pratique fortement ancrée du créole de Limon dans la Caraïbe costaricienne. L’apport théorique des linguistes Robert Le Page et Andrée Tabouret-Keller qui ont mis en évidence comment les choix langagiers constituent des « actes d’identités » par lesquels les locuteurs exposent discursivement leur identité personnelle, leurs affiliations à certains groupes et leurs aspirations à certains rôles sociaux a retenu notre attention pour montrer que l’utilisation du créole de Limon avec ses concepts et ses symboles propres dans le contexte plurilinguistique et diglossique de la Caraïbe costaricienne révèle des positionnements identitaires favorisant une reconfiguration de l’identité nationale. En 2010, l’UNESCO a classé le créole de Limon dans son Atlas des langues du monde en danger. Existe-t-il une campagne de revitalisation au Costa Rica ? Dans une perspective intersémiotique de l’étude des reconfigurations identitaires, la littérature et les arts de la Caraïbe costaricienne ont été envisagés comme des espaces privilégiés de représentation des identités plurielles et plurilingues et d’expression des revendications sociolinguistiques et identitaires de la population caribéenne.