Retour en Allemagne. Stigmate et identité dans l'oeuvre d'écrivains juifs de langue allemande contemporains
Auteur / Autrice : | Christian Mariotte |
Direction : | Florence Baillet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études germaniques |
Date : | Soutenance le 31/01/2015 |
Etablissement(s) : | Sorbonne Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Études anglophones, germanophones et européennes (2009-2019 ; Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'études et de recherches sur l'espace germanophone |
établissement de préparation : Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris ; 1970-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Céline Trautmann-Waller |
Examinateurs / Examinatrices : Florence Baillet, Céline Trautmann-Waller, Martine Benoit-Roubinowitz, Daniel Azuelos |
Mots clés
Résumé
Dans la seconde moitié des années 1980, le champ littéraire allemand est marqué par l’apparition d’une nouvelle génération d’écrivains qui se définissent comme juifs et sont perçus comme tels par le public. Il n’est toutefois pas certain que cette appartenance religieuse justifie de les appréhender de manière conjointe. On se souvient en effet des classifications de sinistre mémoire effectuées par les études littéraires allemandes avant 1945. Dès lors, il ne s’agit nullement de rattacher l’ensemble des écrivains juifs de langue allemande contemporains à la catégorie difficilement définissable et parfois dangereuse de la « littérature judéo-allemande ». De façon plus modeste, nous vérifions l’hypothèse que trois écrivains emblématiques de cette génération – Barbara Honigmann, Rafael Seligmann et Maxim Biller – élaborent une « littérature du stigmate » dont le point d’ancrage est l’expérience de la judéité dans le « pays des meurtriers ». Fondée sur une méthodologie croisant la sociologie d’Erving Goffman (1922-1982) et d’autres approches, la réflexion s’organise en trois étapes. Tout d’abord, nous montrons que par le biais de la fiction et, d’une autre manière, l’essai, les trois écrivains identifient des moments-clés où l'individu réalise le déficit identitaire lié à la condition stigmatisée des Juifs allemands après 1945. Dans un deuxième temps, nous analysons les réponses (politiques, religieuses, etc.) que leurs œuvres proposent à la question de savoir s’il est possible d’échapper au stigmate. Enfin, nous examinons la réflexion de Honigmann, Seligmann et Biller sur les possibilités qu’offrent leurs stratégies d’écriture, leur positionnement au sein du champ littéraire et leur rapport à la langue en vue de conquérir une identité non stigmatique. Ce faisant, nous espérons montrer que loin d’enfermer les œuvres dans des classifications trop sommaires, la sociologie goffmanienne constitue une voie d’accès privilégiée à ce qui constitue leur singularité.