La Bête en l’Homme : l’animalité humaine dans l’oeuvre de Sade
Auteur / Autrice : | Vincent Jolivet |
Direction : | Jacques Berchtold |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature et civilisation française |
Date : | Soutenance le 30/11/2015 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Littératures françaises et comparée (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'étude de la langue et des littératures françaises (1998-....) |
Jury : | Président / Présidente : Florence Lotterie |
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Christophe Abramovici, Michel Delon, Stéphanie Genand, Philippe Roger |
Mots clés
Résumé
La notion d’animalité est au cœur des préoccupations du siècle des Lumières comme de l’œuvre de Sade, qui la place au centre de son entreprise de déstabilisation des valeurs et de son système scandaleux. Avec lui, l’animal apparaît pour ce qu’il est véritablement au plan philosophique : un merveilleux dynamiteur de certitudes propre à ébranler tous les systèmes trop rigides ; une bombe à retardement éthique susceptible de ruiner toute morale et d’autoriser tous les crimes ; un dangereux laboratoire intellectuel où se théorise et s’expérimente toute grande déshumanisation à venir. Héritier du matérialisme philosophique de son temps, Sade refuse en effet de voir en l’Homme autre chose qu’un banal agencement d’atomes, qu’une très ingénieuse mécanique, et fait ainsi de lui un simple animal parmi d’autres ; mais, à la différence de ses maîtres à penser, lui entend bien tirer toutes les conséquences morales d’une telle destitution métaphysique. Greffant à cette rentrée dans le rang ontologique toute l’infamie de l’ancienne conception de l’animal, qui voyait en ce dernier sur le plan moral un inquiétant concentré de tous les vices et de toutes les licences, l’écrivain en vient à proposer la synthèse aberrante des aspirations et des craintes de son époque. Prenant la posture d’un Rousseau gagné au crime, il imagine une entreprise de renaturation pour le pire de l’espèce humaine, où l’Homme vient se faire loup pour l’Homme avec l’appui de la logique et la bénédiction de la raison. Programme de retour résolu à l’animalité qu’il ne parvient toutefois pas toujours à tenir, l’animal se révélant pour lui aussi un terrain philosophique piégeux.