Thèse soutenue

Rôle de l’IGF-1 dans la plasticité corticale et l’altération de la performance motrice induite par l’hypodynamie-hypokinésie

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Auteur / Autrice : Julien Mysoet
Direction : Marie-Hélène Canu
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 30/09/2015
Etablissement(s) : Lille 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Biologie-Santé (Lille)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Unité de Recherche Pluridisciplinaire Sport, Santé, Société (Lille) - Activité Physique, Muscle, Santé

Résumé

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L’hypodynamie-hypokinésie est une situation correspondant à une diminution de l’activité motrice (hypokinésie) couplée à une diminution des charges corporelles (hypodynamie). Chez l’homme, cette situation est retrouvée lors d’une immobilisation, d’un alitement prolongé, d'un séjour en microgravité, ou lors du vieillissement (syndrome d’immobilité). L’hypodynamie-hypokinésie entraine une sévère altération de la performance motrice, notamment de l’équilibre, de la posture et de la locomotion. Cette altération est due à une dégradation du système musculaire (atrophie, changements phénotypiques), mais également à une modification des propriétés fonctionnelles du cortex sensorimoteur (réorganisation corticale, changements d’excitabilité corticale, modifications morphologiques). Si l’altération du système musculaire est bien décrite dans la littérature, les mécanismes impliqués dans la plasticité corticale restent mal connus. Une meilleure compréhension des systèmes mis en jeu dans l’hypodynamie-hypokinésie permettrait de développer des stratégies de prévention et/ou de récupération chez les patients soumis à cette situation. Dans cette optique, un modèle animal est communément utilisé au laboratoire. Il s'agit du modèle d'élévation du train postérieur pendant 14 jours chez le rat. Ainsi, les charges corporelles, s’exerçant habituellement sur les membres postérieurs, sont prévenues et l’activité musculaire limitée. Ce modèle animal reproduit la plupart des effets de l'hypodynamie-hypokinésie décrits chez l'homme.L’objectif de cette étude a été d’explorer les mécanismes de la réorganisation corticale induite par l’hypodynamie-hypokinésie. Notre intérêt s’est plus particulièrement porté sur l’insulin-like growth factor 1 (IGF-1), une protéine ubiquitaire possédant de nombreux rôles au niveau cérébral. En effet, en se fixant à son récepteur, l’IGF-1, parmi une multitude de phénomènes, stimule l’angiogenèse, la neurogenèse, et participe à la plasticité synaptique. De plus, il est reconnu comme étant un acteur central des effets bénéfiques de l’exercice physique au niveau cérébral.Aussi, dans un premier temps, nous avons déterminé les effets de cette hypoactivité sur l’IGF-1 et les voies de signalisation associées dans plusieurs structures impliquées dans la régulation de la performance motrice (cortex sensorimoteur, striatum, cervelet). Nos résultats montrent une sévère diminution des taux d’IGF-1 et de l’activation de la voie PI3K-AKT, et ce spécifiquement dans le cortex sensorimoteur.Dans un second temps, nous avons voulu déterminer si en maintenant le taux d’IGF-1 pendant toute la durée de l’hypodynamie-hypokinésie, il était possible de prévenir la réorganisation corticale et ses conséquences délétères sur le comportement moteur. Pour cela, dans une première partie, notre étude a porté sur le cortex somesthésique et la sensibilité tactile. Nos résultats montrent que l’IGF-1 prévient partiellement la réorganisation corticale et l’altération de la sensibilité tactile induites par l’hypoactivité. Dans une seconde partie, nous nous sommes intéressés à l’analyse du cortex moteur et de la performance motrice. Il apparait qu’un maintien des taux d’IGF-1 prévient une partie de l’altération du système moteur retrouvée en situation d’hypodynamie hypokinésie. Ainsi, l’ensemble de ces données suggère que la diminution des taux d’IGF-1 observée en condition d’hypoactivité joue un rôle clé dans la réorganisation corticale. De plus, notre étude montre qu’une prévention, même partielle, de cette réorganisation corticale peut induire une amélioration fonctionnelle de la performance motrice.