Amour et donation dans la phénoménologie de Jean-Luc Marion
Auteur / Autrice : | Pascale Tabet |
Direction : | Emmanuel Housset |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance en 2015 |
Etablissement(s) : | Caen |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Normandie Humanités (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Identité et subjectivité (Caen ; 1996-....) |
Jury : | Président / Présidente : Gilles Olivo |
Examinateurs / Examinatrices : Emmanuel Housset, Gilles Olivo, Carla Canullo, Jérôme de Gramont, Jean-Luc Marion | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Carla Canullo, Jérôme de Gramont |
Résumé
La phénoménologie de Jean-Luc Marion possède le plus ample horizon : sa philosophie intuitive et pré-réflexive, inscrite au cœur de la saturation, effectue un élargissement du champ de la phénoménalité. C’est dans cet esprit qu’est ici explicité le phénomène érotique décrit par le penseur de la phénoménalité saturée. Cette tonalité affective fondamentale de l’existence est en effet aussi le phénomène-limite qui révèle un excès de sens et d’épreuve débordant et surabondant toute représentation opérée par une conscience intentionnelle et réflexive – parce qu’il porte en lui tout le poids phénoménologique de l’origine. L’amour exige donc une réduction qui ne saurait être comprise qu’à partir d’une phénoménologie radicale de la donation excessive. C’est en ce sens qu’il faut comprendre le donné auquel « réduit » la phénoménologie, donné qui ne s’identifie à aucun étant ni a aucun objet, mais à l’unique donation qui constitue l’essence absolue immanente à toute manifestation. Il est donc montré ici que la réduction phénoménologique implique pour Jean-Luc Marion le renversement et la radicalisation de la phénoménologie classique, celle de ses prédécesseurs Husserl et Heidegger, dont la pensée, ne s’occupant que de l’étant dans son être, reste encore prisonnière de la métaphysique, car elle ne se déploie que dans l’horizon de l’être. La démarche phénoménologique de Jean-Luc Marion est donc interprétée comme une contre-méthode qui m’impose une contre-expérience qui se donne a moi avant toute tentative de ma part de lui assigner un sens, m’excède par son déluge intuitif débordant le concept, du fait de son don généreux de soi. Ce paradoxe phénoménologique que Jean-Luc Marion appelle le « phénomène saturé », et qui décentre la phénoménologie du je transcendantal ainsi que de l’objet intentionnel pour leur substituer un moi adonné qui se reçoit de ce qu’il reçoit – ce paradoxe advient dans l’amour, seule condition ultime de la possibilité du soi, loin de toute exigence ontique et transcendantale et dans le seul horizon de la donation radicale excessive.