Thèse soutenue

Qu'est-ce que l'expertise en dessin peut nous dire à propos du fonctionnement de la vision et de la mémoire visuelle ?

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Auteur / Autrice : Florian Perdreau
Direction : Patrick Cavanagh
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences cognitives
Date : Soutenance le 07/11/2014
Etablissement(s) : Paris 5
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cognition, comportements, conduites humaines (Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine ; 1996-....)
Jury : Président / Présidente : Robert Pepperell
Examinateurs / Examinatrices : Patrick Cavanagh, Robert Pepperell, Pieter Medendorp, Johan Wagemans, Thérèse Collins, Jérôme Sackur
Rapporteurs / Rapporteuses : Pieter Medendorp, Johan Wagemans

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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La précision en dessin a été considérablement étudiée chez l'enfant, mais la raison pour laquelle certains adultes sont bien plus précis que d'autres à copier des objets ou des scènes demeure un mystère. Un facteur possible serait l'entrainement : les artistes passent des milliers d'heures à faire des dessins. Le but de cette thèse a été d'explorer dans quelle mesure cet entrainement intensif a pu affecter certains processus de la vision et de la mémoire visuelle. Dans une série d'études, nous avons tout d'abord démontré que l'expertise en dessin n'est pas liée à une perception plus véridique du monde. En effet, les artistes professionnels et les étudiants en Art que nous avons testé n'étaient pas davantage capables de défaire les mécanismes perceptifs automatiques qui corrigent d'ordinaire les effets dus au contexte visuel. Ils étaient autant affectés par les constances visuelles que les novices. Ceci suggère qu'un entrainement en dessin ne pourrait pas affecter des mécanismes perceptifs déjà bien établis, mais plutôt des processus de plus haut ordre, tels que l'analyse visuelle de structure d'objets. Dans deux études, nous avons ensuite cherché à déterminer comment les dessinateurs encodent et intègrent les informations structurelles lorsqu'ils analysent un objet pour le dessiner. Tout d'abord, afin de tester si les artistes avaient une meilleure représentation de formes complexes, nous avons élaboré une tâche de fenêtre contingente dans laquelle les participants devaient classer un objet comme structurellement possible ou impossible alors qu'ils ne pouvaient voir qu'une portion de l'objet centrée sur la position du regard. Les experts étaient capables de faire cette tâche avec de plus petites portions de l'objet. La compétence en dessin serait ainsi liée à la capacité d'intégrer des échantillons d'informations extraits lors de chaque fixation en une représentation interne plus robuste. Nous avons ensuite voulu savoir si la précision en dessin pouvait aussi être liée à l'efficacité de l'encodage des informations structurelles à partir d'une seule fixation (sans mouvements oculaires autorisés), avec l'objet centré soit sur la position de la fixation ou en périphérie visuelle. Nous avons trouvé que les sujets entrainés étaient capables de discriminer des objets impossibles d'objets possibles avec des durées de présentation plus courtes, que ce soit en vision centrale ou périphérique. Enfin, nous avons étudié le rôle de la mémoire visuelle pendant le processus de dessin et cherché à déterminer si les dessinateurs avaient une représentation plus précise de la position des traits de l'objet. Pour cela, nous avons développé une expérience couplant une tâche de dessin sur tablette graphique et une tâche de détection de changement durant laquelle les participants devaient copier une figure sur une tablette graphique. Tout au long du processus de copie, des changements pouvaient intervenir à la fois sur la figure originale et sur la copie, et les participants devaient corriger tout changement détecté, (la figure et le dessin n'étaient visibles qu'en alternance). Nos résultats ont montré que tous nos participants détectaient mieux les changements présents dans la figure originale que dans leur propre dessin. De plus, les experts en dessin était bien meilleurs à détecter les changements, mais seulement lorsque le dessin était impliqué (contrasté avec une simple tâche de détection de changement sans dessin). Pris ensembles, ces résultats démontrent qu'un entrainement intensif en dessin peut affecter des mécanismes perceptifs de haut niveau ainsi que des mécanismes de mémoire visuelle, et non les mécanismes perceptifs basiques déjà bien établis par la longue expérience perceptive que nous partageons tous.