L’Intelligence de Marguerite Duras. Vers la difficile reconquête du sensible
Auteur / Autrice : | Sandrine Pessaque |
Direction : | Jean-François Louette |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Lettres modernes |
Date : | Soutenance le 06/06/2014 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Littératures françaises et comparée (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Littérature française XIXe-XXIe siècles (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Bernard Vouilloux |
Examinateurs / Examinatrices : Jean-François Louette, Marie-Hélène Boblet, Florence de Chalonge, Dominique Rabaté |
Mots clés
Résumé
La présente thèse se propose d’aborder l’intelligence singulière de Marguerite Duras et pour ce faire, elle retient l’ensemble des écrits : romans, textes de théâtre, écrits journalistiques, scénarios, textes divers. Elle prend en compte le difficile héritage de la Shoah et du stalinisme, et à partir de l'extrême déshumanisation qui a marqué le XXe siècle, elle s’interroge sur le nihilisme propre à la modernité, plus particulièrement sur la manière dont le nihilisme est susceptible de gagner la littérature puisqu’il appert qu’il entre fortement en résonance avec l’univers durassien. La réflexion ne saurait s’en tenir à la sphère historique et elle investit nécessairement le champ philosophique. Le plus important néanmoins n’est peut-être pas tant de révéler le phénomène que de chercher à saisir comment l’œuvre se débat face au néant qui la guette et par conséquent résiste. Dès lors se fait jour un anti-nihilisme au sein de la littérature et la notion de sensible devient par là-même centrale. C’est en effet à une déperdition du sensible que l’on assiste quand le nihilisme se manifeste ; mais le sensible ne se borne pas à jouer le rôle d’un indicateur ; il est bien plus le principe permettant de combattre le néant. Par lui, le cogito brusquement se tait et l’empiétement, figure que notre analyse emprunte à Merleau-Ponty, advient ; par lui, l’intelligence se dérobe à l’intelligible, admet la contradiction et prend le large ; par lui, le désir, expression d’« un plus fort que », se trouve établi au fondement de l’homme, garant de son humanité ; par lui enfin la transcendance est ramenée vers l’immanence de façon qu’il devient possible d’envisager la métaphysique à partir de la chair.