Thèse soutenue

Contribution à la question du sens de la chute du sujet âgé : les raisons de la chute, la chute de la raison

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Auteur / Autrice : Natacha Martin
Direction : Louis Ploton
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 13/12/2014
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'éducation, psychologie, information et communication (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Laboratoire Science, Santé, Individu. SIS
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Alain Sagne, André Quaderi, Régis Gonthier, Philippe Thomas, Nicolas Lépine, Monique Ferry

Résumé

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Avec l’allongement de la durée de vie, les écrits sur la psychologie du vieillissement se sont développés à une moindre échelle que ceux concernant la clinique de l’adulte et de l’enfant. Il nous est donc apparu intéressant, passionnant et fécond de réfléchir à cette période de senescence en reprenant la dualité somat/psyché à travers l’événement chute. L’utilisation d’une méthodologie quantitative et qualitative permet d’aborder l’évènement chute comme une expérience traumatogène selon les données corporelles (sujet dit fragile ou valide, conséquences somatiques et psychomotrices…), temporelles (délai de la dernière chute, moment de la chute, âge objectif et subjectif de la chute…) et psychiques (défenses mises en place, réminiscence, travail du vieillir…). Nous nous sommes donc plus particulièrement penchés sur le point de bascule de cet événement dans un contexte de traitement coûteux des conflits issus de cette période pour y découvrir des défenses de type obsessionnel et une régression maternelle primaire. Par conséquent, le développement des réflexions psychologiques et psychanalytiques sur la clinique de la chute du sujet âgé ne peut être appréciable qu’à la condition de ne pas « tomber » dans le mythe d’un lien de causalité unique, dans une classe démographique indifférenciée dont l’âge serait vu comme un facteur étiologique. L’utilisation de l’analyse quantitative et qualitative du discours donne accès aux données réactionnelles post chute mais également aux modalités de traitement psychique des affects et conflits éveillés par cet événement. Nous avons associé le discours en libre association avec la technique du dessin pour avoir un aperçu des images mentales fixées dans le récit historien de la mémoire. La chute est alors exposée comme un agir, pour pallier la défaillance du système pare-excitation, des capacités d’élaboration et de liaison de la blessure narcissique de la sénescence. Cependant, elle peut également être appréciée comme un retour au corps pour une reprise élaborative des liens d’attachement en vue d’une fin inéluctable. C’est alors que « ce qu’on appelle une raison de vivre est en même temps une excellente raison de mourir » (Albert Camus). En effet, les communications sur la question de la psychologie de la chute du sujet âgé sont principalement étudiées dans le cadre de processus déficitaires ou psychopathologiques du sujet âgé fragile, hospitalisé, sans réellement prendre en compte les remaniements complexes individuels et groupaux inhérents au travail du vieillir. Nous nous sommes donc intéressés au mouvement psychique chez le sujet âgé valide afin d’en tirer de nouvelles réflexions cliniques sur le type d’angoisse et de relation d’objet. Le TAT/SAT proposé au sujet de notre étude a établi la constitution psychique d’un modèle interne de relation insécure du chuteur, en lien avec des expériences d’empiètement relationnel avec un objet maternel défaillant et décevant.