Thèse soutenue

Trois essais en commerce international et les transferts: hétérogénéité entre pays, traitement préférentiel et formation d'habitudes

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Auteur / Autrice : Jean-Marc Malambwe Kilolo
Direction : Francis Bloch
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences Économiques
Date : Soutenance en 2014
Etablissement(s) : Palaiseau, Ecole polytechnique

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Ma thèse est un ensemble d’essais à la fois théoriques et empiriques sur les transferts internationaux et le commerce entre pays hétérogènes. Dans le premier essai, j’utilise le modèle de guerre tarifaire développé par Kennan and Riezman (1988) et montre qu’avec des fonctions d’utilité Stone-Geary, la maximisation du bien-être global conduit à une solution en coin qui correspond au libre-échange. La résolution de ce problème suggère également une autre solution qui, lorsque les pays sont asymétriques, est tel que le Sud applique un tarif alors que le Nord subventionne ses importations. Cette solution est toutefois rejetée puisqu’elle correspond, non pas à un maximum, mais plutôt à un point de selle. Les résultats de cette recherche mettent en lumière l’inefficacité des accords de Lomé et de Cotonou conclus entre les pays ACP et l’Union européenne qui accordent un accès préférentiel aux exportations des pays ACP sur le marché européen et qui, par ailleurs, permettent aux ACPs de maintenir leurs tarifs. Cette étude permet ainsi de comprendre la transition qui s’opère dans les traités ACP-UE d’un système de tarifs préférentiels vers des accords de partenariat économique, lesquels sont compatibles avec les règles de l’OMC. Dans le deuxième essai, je développe un modèle d’accord commercial entre deux pays hétérogènes (le Nord et le Sud) afin d’étudier l’effet d'un accord de libre-échange (ALE) sur le bien-être. Ces effets dépendent du type d’hétérogénéité considéré. Lorsque les fonctions d’offre sont suffisamment, le pays qui a des contraintes de capacité d’offre (CCO) – « le petit pays » – subit une perte de bien-être, contrairement à son partenaire dont le bien-être s’accroît. Dans ce cas précis, le petit pays ne ratifiera l’ALE que s’il reçoit un transfert compensatoire de son partenaire. Cependant, en présence d’une forte asymétrie de taille ou de suffisamment d’hétérogénéité dans les fonctions de demande, c’est le petit pays qui bénéfice de l’ALE, tandis que le grand pays subit une baisse de bien-être. Ainsi, le petit pays doit compenser le grand pays pour l’inciter à conclure l’ALE. Ce modèle permet de comprendre pourquoi les Accords de partenariat économique (APE) entre les pays ACP et l’UE prévoient une assistance technique et financière de l’UE aux ACP qui ont des CCOs. Par ailleurs, le test empirique avec les données ACP-UE montre que l’initiation des APEs intérimaires a un effet positif sur l’aide étrangère allouée par les pays de l’UE aux ACP lorsque l’hétérogénéité de l’offre est prise en compte dans le modèle. Enfin, dans le troisième essai, j’utilise un modèle d’échange pur à deux périodes, afin d’étudier les effets de l’aide internationale sur le bien-être en présence de formation d’habitudes. En supposant que le Nord effectue le transfert en période 1, je montre que l'effet de ce dernier sur les termes de l’échange en période 2 opère à travers le paramètre mesurant les habitudes. Ainsi, en l’absence de formation d’habitudes, le transfert n’entraîne pas de distorsion des prix relatifs et donc, il n’y a pas de paradoxe des transferts. L’existence de ce dernier dépend essentiellement de la croissance des dotations totales des deux biens; en effet, le paradoxe des transferts se produit lorsque la dotation totale du bien importé par le Nord (exporté par le Sud) augmente suffisamment plus que la dotation du bien qu’il exporte (importe). En outre, le modèle montre que l’impact du transfert sur les exportations est de courte durée, puisque l’effet d’habitudes diminue au fil du temps. Le test empirique réalisé à partir des données de l’aide internationale et des exportations françaises vers 32 pays ACP corrobore cette prédiction, puisque le transfert stimule les exportations françaises vers ces pays avec un retard d’une période. La contribution de cet article est de décrire le processus par lequel l’aide étrangère bénéficie aux pays donateurs à travers la formation des habitudes dans les pays récipiendaires de l’aide.