Thèse soutenue

Gilles Deleuze et Antonin Artaud : L'impossibilité de penser
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Auteur / Autrice : Anne Bouillon
Direction : Jérôme de GramontSylvain Roux
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 19/01/2013
Etablissement(s) : Poitiers
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, pensée, arts et histoire (Poitiers ; 2009-2018)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Métaphysiques allemandes et philosophie pratique (2012-....)
faculte : Université de Poitiers. UFR de sciences humaines et arts - Institut catholique de Paris. Faculté de Philosophie
Jury : Président / Présidente : Bruno Cany
Examinateurs / Examinatrices : Jérôme de Gramont, Sylvain Roux
Rapporteurs / Rapporteuses : Bruno Cany, Pierre Montebello

Résumé

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Au sein de la pensée de Deleuze, la poésie d'Antonin Artaud apparaît comme la ligne de fuite par excellence à partir de laquelle tout le foisonnement conceptuel deleuzien s'articule. Artaud est en effet celui qui brise l'image de la pensée – ou ce que nous voulons dire habituellement par " penser " en philosophie – en refusant son innéité et son universalité, c'est-à-dire la cogitatio natura universalis. Car pour Artaud comme pour Deleuze, le plus souvent, la pensée s'affronte à son problème véritable, qui est son impouvoir ou son impossibilité. Ainsi, la première partie de la thèse s'attaque à la compréhension de la destitution de l'image de la pensée dans Différence et répétition de Deleuze, à partir de l'idée de " génital inné " d'Artaud dans la Correspondance avec Jacques Rivière. Si l'image de la pensée ne dit rien du processus de penser, de quelle logique sommes-nous capables ? Au travers de la découverte de la logique paradoxale déployée dans les paradoxes de Logique du sens de Deleuze, il s'agira de penser le rapprochement entre Artaud et Nietzsche. L'axe principal de cette partie est la critique du jugement menée par Artaud. Enfin, jeté dans les paradoxes de la vie, la troisième partie envisage le grand impensé de la philosophie qu'est le corps : en effet, de quel corps sommes-nous capables ? L'enjeu, de l'impossibilité de penser à la question du corps - rapprochant L'Ethique de Spinoza du corps sans organes d'Artaud - est bien de renouer la pensée avec la vie, selon le projet du Gai savoir de Nietzsche et qu'Artaud ne cesse de reformuler dès ses premiers écrits. L'impossibilité de penser dit non seulement la séparation d'avec la vie, mais aussi l'impensable qu'est le corps : en effet, que dire de notre propre corps, tel que nous le vivons ? Dans quelle mesure la création de concepts en rhizome dans Mille Plateaux de Deleuze et Guattari explore-t-elle le corps sans organes d'Artaud, ce corps vécu qui reste encore mystérieux pour la pensée ? Artaud souhaitait qu'on l'aime non pas pour son œuvre mais pour sa vie, témoignant d'une grande santé contre un monde malade : l'horizon de l'impossibilité de penser est alors la pensée blessée et profonde assumant la vie elle-même dans toute son opacité.