Thèse soutenue

Face à l'angoisse du mal : propédeutique à une ontologie de la vie

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Auteur / Autrice : Adje hippolyte Yomafou
Direction : Éric Fiat
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie pratique
Date : Soutenance le 09/11/2013
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Organisations, marchés, institutions (Créteil ; 2010-2015)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Espaces Éthiques et Politiques - Institut Hannah Arendt
Jury : Président / Présidente : N'Guessan François Kouakou
Examinateurs / Examinatrices : Éric Fiat, Bertrand Quentin
Rapporteurs / Rapporteuses : Philippe Soual

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Au fil de notre voyage philosophique dans l'abîme de l'être-là de l'homme, il nous a été donné de constater que l'unique réaction qui a force de vérité et capable de maîtriser l'angoisse humaine devant la manifestation du mal, c'est le réflexe de la révolte. Cette révolte en la matière est une révolte contre la vie et contre l'auteur de cette vie. L'intelligence du mal y conduit inexorablement. Mais à quel prix ? Au prix d'une interdiction formelle demandant à Dieu de ne plus prendre pied avec l'humanité. Mieux faire le deuil de Dieu afin d'affirmer son moi souverain. Ce prix n'est pas négligeable, il est vertigineux pour l'homme. Il le propulse en un au-delà de lui-même. Tout lui semble permis désormais car il est le seul maître à bord du navire cosmique. Rien ne peut l'arrêter. N'étant plus soumis au pouvoir d'un Dieu suprême créateur, il peut faire tout car il a le dernier mot sur tout. Glorieuse liberté de l'homme ! Et pourtant cette liberté, cette puissance autonomique et pharaonique de l'homme aura révélé l'autre face tragique de la révolte. Une révolte qui aura conduit au pire mal absolu : le meurtre de son semblable. La mort a donc perdu de son caractère naturel, elle n'est plus un fait naturel et biologique, mais elle est devenue un fait imposé par l'homme à l'homme. Autrement dit, dans ce combat pour l'affirmation du moi, le plus grand vainqueur, le maître du monde, le maître absolu de demain, c'est la misère du monde. L'homme s'est révolté contre Dieu parce que l'injustice subie était incompatible avec l'idée d'un Dieu tout-puissant et bon ; ce Dieu a été mis de côté voire interdit de séjour sur la terre, mais la misère demeure. À l'évidence cette misère, plus puissante que la volonté même de l'homme, ne laisse aucune issue à l'homme. L'homme ne peut donc s'en tenir à la révolte contre la vie et contre Dieu, il lui faut une révolte contre la résignation face à cette misère. Cela suppose une révolte contre le désespoir. Désespérer contre toute désespérance. Sainte lucidité. Il n'y a pas d'autre moyen pour initier la sagesse humaine à cette révolte contre le désespoir que d'y entrer résolument dans la vie. Avoir confiance en la vie c'est - non pas comme cet optimisme qui voit dans cette misère une beauté et un bien pour l'homme – avoir le courage d'aimer cette vie. Aimer la vie c'est donner sens à son existence et au monde dans lequel se déploie cette vie. Cette attitude est responsabilité. Cette responsabilité est une chance pour l'homme lui-même et pour les autres. Par responsabilité, l'homme reçoit une nature qui fait qu'il diffère des autres étants et donc capable de dire « oui » ou « non ». Autrement dit, par sa responsabilité, l'homme accorde une valeur intrinsèque à la vie et à son existence.