« Ceci n’est pas une religion» : l’apprentissage du dharma selon Rigpa (France)
Auteur / Autrice : | Marion Dapsance |
Direction : | Giordana Charuty |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Religions et systèmes de pensée |
Date : | Soutenance en 2013 |
Etablissement(s) : | Paris, EPHE |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Vincent Goossaert |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Cette thèse présente les parcours d’apprentissage d’adeptes occidentaux du bouddhisme dit « tibétain » à partir d’une ethnographie des enseignements et des retraites proposées, à Paris et dans l’Hérault, par l’association internationale Rigpa. Celle-ci participe à la réinvention institutionnelle, intellectuelle et communautaire d’un bouddhisme moderne et globalisé, redéfini comme « sagesse », « culture », « philosophie », spiritualité ». L’enquête a d’abord exploré les parcours formalisés d’affiliation et les épreuves codifiées qui reconduisent une hiérarchie de statuts et de compétences sur le mode d’une sélection de novices à initier. Elle interroge la convocation du sujet psychologique sur une scène religieuse déniée comme telle, à la manière des entreprises de rechristianisation contemporaines qui détournent les savoirs ayant redéfini l’individu moderne. Cependant, la nécessité de recourir au savoir tibétologique pour rendre compte de ces parcours conduit à renverser les thèses habituellement défendues au sujet d’une « modernisation » ou d’une « psychologisation » du bouddhisme, pour faire apparaître l’hybridité culturelle du « dharma » enseigné. Ce premier résultat a relancé l’enquête sur l’identité hybride des lamas eux-mêmes, au-delà de l’opposition « exemplarité » / « missionarisme » qui divise actuellement les études sociologiques sur le bouddhisme en France : issus de la seconde génération d’exilés, ces derniers sont apparus comme des « êtres-frontière », animés par une éthique de reproduction et de transmission de leur culture, menacée dans son pays d’origine. Dans sa dimension entrepreneuriale, la forme « centre du dharma » pour Occidentaux doit, dès lors, être replacée au sein d’autres modalités, plus récentes, de reproduction d’une culture en exil qui assignent des tâches inédites aux nouvelles recrues de l’ancienne vie monastique