Justice sociale : de la mobilisation à la mobilité sociale. L’expérience de l’injustice au Chili (1990-2010)
Auteur / Autrice : | Javiera Bonnefoy |
Direction : | François Dubet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance en 2013 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Résumé
Cette recherche aborde le travail normatif de justice que les individus réalisent dans une société fortement inégalitaire comme la chilienne. Dans le but de comprendre la coexistence des fortes inégalités sociales avec une grande stabilité sociale, nous abordons les représentations des inégalités ainsi que les mécanismes normatifs façonnant la expérience de l’injustice dans ce pays. Comment l’expérience de l’injustice se configure-t-elle dans la société chilienne ? Quels sont les arrangements des principes de la justice qui conduisent à percevoir telle inégalité comme injuste ? Et dans quel type de relations sociales se produisent les sentiments d’injustice ? Cette recherche vise à démontrer une thèse historique : la société chilienne aurait transité d’un modèle de "mobilisation" vers un modèle néolibéral de "mobilité sociale" ; dans le premier modèle, les questions de justice, de nature structurelle, se seraient exprimées en termes de classe sociale, tandis que dans le second modèle les sentiments d’injustice seraient plutôt perçus à partir des processus d’individualisation. A partir d’une analyse historique et sociologique, cette recherche offre une réflexion sur la construction du jugement critique en tant qu’activité normative au Chili, au cours des vingt ans qui ont fait suite à la transition démocratique. La thèse s’inscrit dans une sociologie pragmatique appliquée à la justice sociale, mettant en relation les dimensions de la légitimation et la critique sociale dans le discours critique des individus interviewés (45).