Thèse soutenue

Reconnaissance et usages de soi au travail : les soignantes face à des activités liées à la mort dans des contextes hospitaliers.

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Auteur / Autrice : Maria Helena Guerra Gomes-Pereira
Direction : Dominique Lhuilier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie du Travail
Date : Soutenance le 12/06/2013
Etablissement(s) : Paris, CNAM
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Abbé Grégoire (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche sur le travail et le développement (2007-... ; Paris)
Jury : Président / Présidente : Guy Jobert
Examinateurs / Examinatrices : Gilles Amado, Teresa Cristina Carreteiro
Rapporteurs / Rapporteuses : Vanessa Andrade de Barros, Jean-Pierre Minary

Résumé

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Cette recherche vise à étudier les processus de transformation du « sale boulot » en « bel ouvrage » et ce en privilégiant la problématique de la reconnaissance de soi au travail, entendue comme résultant d’une tension entre les « usages de soi ». La division morale du travail à l'hôpital ordonne les tâches, mais aussi les métiers autour d’une répartition clivant les activités au service de la vie et les activités au service de l’épuration des traces de la mort. L’ investigation part de la notion de « sale boulot » et analyse les traces de cette division morale et psychologique du travail, ici celles qui se réfèrent à des activités de confrontation à la mort.Le cadre théorique retenu articule l’éclairage anthropologique et historique du traitement de la mort dans la société et dans l’hôpital, le concept de négatif psychosocial comme analyseur de la hiérarchisation morale du travail et la reconnaissance de soi, discutée par les théories de la clinique du travail. Ici, l’activité est l’unité d’analyse fondamentale et le collectif de travail est conceptualisé comme espace transitionnel où les usages de soi sont dialectalisés. Les activités analysées et comparées sont les Interruptions Médicales de Grossesse (IMG) et les Interruptions Volontaires de Grossesse (IVG) dans une unité de gynécologie ainsi que celles d’accompagnement de la fin de vie en équipe mobile de soins palliatifs. La méthodologie s’inscrit dans la tradition de la recherche action et s’appuie sur l’observation-participante et la conduite d’entretiens semi-structurés auprès de soignants et de leur encadrement. Les résultats de cette recherche sont présentés selon trois axes : la hiérarchisation morale des unités, des professionnels et des activités est articulée aux stratégies défensives collectives, aux idéologies de métier: elles contribuent à la définition et à la délégation du « sale boulot » dans l’organisation du travail. Le deuxième axe présente les différentes configurations groupales en fonction de la sollicitation d’affects archaïques dans les activités, liant ou déliant les collectifs de travail. Des stratégies de dégagement ont été identifiées : elles ouvrent la voie à la construction des trames symboliques qui permettent de domestiquer les résonances fantasmatiques de la confrontation avec « l’objet » de travail, la mort et ses équivalents symboliques, la maladie, la vieillesse, la déficience, la perte, le manque ... La capacité d’instituer de nouvelles normes et de se reconnaître dans son travail puise dans des configurations collectives fondées sur des règles partagées. Dans les cas de défaillances du collectif de travail, le recours aux ressources trans-individuelles permet de subvertir le négatif en travail estimable : elles renvoient au travail de civilisation, dans ses différentes dimensions.