Le Saint-Siège et la Mittel-Osteuropa à travers les rapports des ambassadeurs autrichiens au Vatican de 1946 à 1958/61.
Auteur / Autrice : | Thomas Gronier |
Direction : | Gérard Bossuat, Michael Gehler |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire - Cergy |
Date : | Soutenance le 20/06/2013 |
Etablissement(s) : | Cergy-Pontoise en cotutelle avec Universität Hildesheim |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Droit et Science politique (Cergy, Val d'Oise)) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche Civilisations et identités culturelles comparées des sociétés européennes et occidentales (Cergy-Pontoise, Val-d'Oise) |
Jury : | Président / Présidente : Antoine Marès |
Examinateurs / Examinatrices : Renate Soellner | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Catherine Horel |
Mots clés
Résumé
La Mittel- Osteuropa constitue à la fois un espace géographique et une construction historico-culturelle. Cet espace est formé de plusieurs pays qui ont appartenu à l'empire austro-hongrois et dont la religion catholique majoritaire représente un critère d'unité.La catholicité de cet espace justifie l'intérêt que le Saint-Siège porte à la plupart de ces pays qui deviendront après 1945 des satellites de l'Union soviétique. Les régimes d'inspiration communiste combattront l'autorité spirituelle de Rome, exerceront le contrôle de la vie religieuse et restreindront ainsi les libertés confessionnelles.Face à cette politique antireligieuse et à ce contrôle étroit de la sphère religieuse, le Saint-Siège se devait de réagir et de développer une stratégie de contre-offensive. Dans cette optique, l'Autriche a joué un rôle important dans les orientations de politique étrangère et religieuse du Vatican. Le pays avait encore de nombreux contacts avec les anciens pays de la monarchie des Habsbourg dont la fin était relativement proche. Par ailleurs, Vienne occupe une position avancée en Europe centrale. L'expérience centre-européenne riche de l'Autriche tant sur un plan culturel que linguistique représentait un bien précieux pour la Rome papale, pour qui Vienne pouvait servir de porte d'entrée vers la Mittel- Osteuropa.Le pape Pie XII a parlé d'une mission historique de l'Autriche qui sera considérée comme un phare catholique face à un océan marxiste athée. Malgré cette identité d'intérêts, les relations entre l'Autriche et le Vatican n'ont pas été exemptes de tensions, particulièrement à cause de la controverse sur la remise en vigueur du concordat de 1933. La question du mariage devient un élément de crispation, d'autant plus que la société autrichienne de l'après-guerre était déjà plus sécularisée que celle de l'entre-deux-guerres.L'Autriche saura tirer des avantages spécifiques de la neutralité qui lui a été imposée en échange de sa souveraineté retrouvée. La « neutralité active » va lui permettre de mettre en œuvre une Ostpolitik dans laquelle l'Eglise prendra une place importante qui apparait clairement dans différents exemples : le voyage d'un théologien de l'université de Graz en Union soviétique en 1955, et plus tard les visites du cardinal Franz König aux épiscopats derrière le rideau de fer mais aussi la création de la fondation Pro Oriente en 1964.La guerre froide fut avant tout un conflit idéologique entre deux systèmes très différents tant sur le plan social que politique et économique, avec le capitalisme ou le libéralisme d'une part, et le communisme ou le socialisme d'autre part. En outre, un autre conflit idéologique est aussi apparu entre le catholicisme romain et le communisme athée, deux systèmes de pensée totalement opposés. Le Saint-Siège devint alors un acteur de la guerre froide. Pie XII défendait l'idée que « le communisme est intrinsèquement pervers et l'on ne peut admettre sur aucun terrain de collaboration avec lui ». Pourtant, il existait par la force des choses des relations entre les communistes et l'Eglise catholique dans les pays situés derrière le « rideau de fer ».La Curie romaine n'était pas toute entière hostile au dialogue avec les communistes. Abstraction faite d'un climat d'intransigeance doctrinale, il se trouvait aussi des prélats qui pensaient que toutes les portes du dialogue ne devaient pas rester irrémédiablement fermées. Les années d'après-guerre renvoient aussi à une période de renouvellement de la pensée chrétienne sur les plans philosophique, théologique et social. Les tendances à l'ouverture, annonciatrices d'un « printemps religieux », se heurtaient toutefois à la raideur dogmatique de la Curie romaine sous Pie XII.Les rapports des ambassadeurs autrichiens au Saint-Siège de 1946 à 1958/61 fournissent des informations précieuses sur les grandes thématiques du conflit Est-Ouest, qui touchaient d'une part les relations entre le Vatican et l'Autriche, et d'autre part le Vatican