Thèse soutenue

Etude du noyau peu lié de 26F pour sonder l’évolution des forces nucléaires à l’approche de la limite de liaison nucléaire

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Alexandre Lepailleur
Direction : Olivier Sorlin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Constituants élémentaires et physique théorique
Date : Soutenance en 2013
Etablissement(s) : Caen

Résumé

FR  |  
EN

Les forces nucléaires jouent un rôle très important dans l’évolution de la structure nucléaire ainsi que pour fixer les limites de liaison nucléaire. L’étude des noyaux riches en neutrons est primordiale pour déterminer ces limites et pour expliquer la disparition et la création de nouvelles fermetures de couches loin de la stabilité. Nous avons étudié le noyau peu lié et riche en neutrons de 26F afin de sonder l’interaction πd5/2×υd3/2. En effet, ce noyau peut être modélisé comme un cœur fermé de 24O auquel s’ajoutent un proton fortement lié en πd5/2 interagissant avec un neutron non lié en νd3/2. Les états ainsi formés sont les états J = 1, 2, 3, 4 de parité positive. Leur détermination permettrait de quantifier l’intensité de l’interaction πd5/2×υd3/2. Parmi ces états, celui de spin J = 1 (état fondamental) et J = 2 (premier état excité) étaient déjà connus. La recherche de l’état J = 4 a fait l’objet de recherches au sein de notre groupe à GANIL au travers une expérience de décroissance β. Le noyau de 26F a été produit par fragmentation d’un faisceau radioactif de 36S et sélectionné à l’aide du spectromètre LISE. Ces noyaux ont ensuite été implantés dans un détecteur de Silicium à deux faces, chacune composée de seize bandes verticales ou horizontales. Ce détecteur a permis de réaliser une corrélation spatiale et temporelle entre les ions implantés et leurs produits de décroissance (rayonnements β et γ). Nous avons alors pu observer la transition γ M3 retardée de l’état isomérique J = 4 vers l’état fondamental J = 1, obtenant ainsi l’énergie d’excitation de cet état isomérique à 643. 4 keV. Nous avons également déterminé plusieurs nouveaux états dans les noyaux de 25-26Ne peuplés par la décroissance β de l’état fondamental et isomérique du 26F. Nous avons extrait un taux isomérique d’environ 40% et ainsi ajusté la masse précédemment déterminée du 26F en fonction de ce taux, donnant ΔM = 270 (50) keV. L’état J = 3 a été peuplé et étudié à GSI lors d’une expérience de retrait d’un proton à partir d’un faisceau radioactif de 27Ne, produisant ainsi le 26F dans ses différents états parmi lesquels l’état non lié J = 3 décroissant selon la voie 25F + n. Les ions ont été identifiés et suivis à l’aide de détecteurs à fibres tandis que les neutrons ont été détectés dans LAND. Nous avons pu extraire l’énergie d’excitation de l’état J = 3, complétant ainsi le quadruplet d’états J = 1 – 4. Nous avons ensuite comparé les énergies de liaison expérimentales de ces états J = 1 – 4 aux résultats de calculs issus du modèle en couche et de la théorie Coupled Clusters afin de tester le pouvoir de prédiction de ces modèles loin de la stabilité où une forte asymétrie entre l’énergie de liaison des protons et des neutrons existe. Le modèle en couche prédit des états globalement plus liés que ceux trouvés expérimentalement, tandis que les calculs issus de la théorie Coupled Clusters incluant les forces à trois corps et le couplage au continuum sont en très bon accord avec les énergies de liaison expérimentales. Le noyau de 28Ne faisait partie du cocktail de noyaux radioactifs produits lors de l’expérience de décroissance β menée au GANIL. Même si sa décroissance β était déjà en partie connue, son étude nous a apporté de nouvelles informations. Combinée à une expérience de décroissance γ en vol réalisée récemment à NSCL, nous avons pu déterminer deux nouveaux états J = 3 et J = 4, provenant du même couplage πd5/2×υd3/2 que dans le noyau de 26F. Nous avons alors cherché à déterminer s’il existait une dépendance systématique des prédictions du modèle en couche avec l’asymétrie entre l’énergie de liaison des protons et des neutrons. Pour cela nous avons comparé les énergies de liaison expérimentales des états J = 1 - 4 du 28Na et ceux déjà connus du 30Al avec les calculs issus des modèles USDA et USDB. Nous avons trouvé un écart systématique entre les énergies de liaison expérimentales et celles calculées par le modèle en couche pour les isotones N=17 : les états sont prédits trop liés pour le 26F qui se trouve à la limite de liaison nucléaire, tandis qu’ils ne sont pas prédits suffisamment liés pour le 30Al qui se situe proche de la stabilité. Cela suggère que l’interaction proton-neutron effective utilisée dans le modèle en couche ne prend pas correctement en compte l’influence de l’asymétrie entre l’énergie de liaison des protons et des neutrons, ce qui est essentiel pour modéliser les noyaux de la vallée de stabilité jusqu’à la limite de liaison nucléaire.