Thèse soutenue

Pour une patrimonialisation intégrée au développement urbain : élaboration des conditions de conciliations entre obligations de préservation et impératifs de développement à travers l’étude de cas d’Avignon

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Auteur / Autrice : Bessam Fallah
Direction : Jean Davallon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'information et de la communication
Date : Soutenance le 12/11/2013
Etablissement(s) : Avignon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 537 « Culture et patrimoine » (Avignon)
Jury : Président / Présidente : Yvon Lamy
Examinateurs / Examinatrices : Cécile Tardy, Marie-Noël Tournoux
Rapporteurs / Rapporteuses : Emmanuel Amougou

Résumé

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La thèse porte sur la patrimonialisation de l’urbain à partir des dispositifs censés encadrer le devenir du patrimoine dans les villes et qui se confronte aux logiques de développement urbain. La posture situe la patrimonialisation de l'urbain dans un processus historique. Initialement centrée sur les monuments, identifiés pour leurs valeurs, la patrimonialisation a englobé les contextes pour ensuite considérer les ensembles comme des patrimoines. La patrimonialisation des ensembles urbains doit prendre en compte les multiples dimensions et acteurs impliqués dans la gestion des villes. Ces évolutions nécessitent la conciliation entre la préservation du patrimoine et le développement urbain. Comment, dès lors, penser concrètement une patrimonialisation, spécifique à l’urbain ?L’étude se fonde sur une reconstruction des programmes de projets dans l’intramuros d’Avignon (France) à partir du croisement de données recueillies dans les documents consignés dans les archives municipales (couvrant la période de 1957-2004) avec des données issues d’entretiens avec des acteurs impliqués (entretiens semi-directifs avec 14 personnes ressources). Ainsi, les sources (orales) de première main permettent d’éclaircir et de compléter les sources écrites (archives). En observant les expérimentations entreprises à Avignon, depuis la Loi Malraux en 1964, nous mesurons la construction sociohistorique des pratiques locales qui se sont structurées autour de la préservation du patrimoine en rapport aux orientations nationales et les difficultés d’une prise en compte de la ville historique dans l'évolution urbaine de la ville d’Avignon.La recherche se concentre sur trois (3) moments : les années 1960, 1970 et 1980. Le premier illustre une prise de conscience de l’urgence de préserver les quartiers historiques par la mise en place des secteurs sauvegardés. Ce dernier reste imprégné par la conservation des monuments comme des objets isolés sans arriver à prendre en charge les ensembles. Le deuxième ancre la préservation des ensembles dans les efforts de développement urbain à travers la mise en place des Contrats Ville-Moyenne sous la supervision de l’État. Enfin, le troisième s’affranchit du contrôle de l’État en instaurant des Zones d’Aménagements différées adossées sur des projets issus d’études insistant sur la dimension patrimoniale. L’analyse de ces trois moments consiste à repérer les orientations prises en faveur, ou non, du patrimoine et à rendre compte des contextes et des acteurs impliqués dans ces prises de décisions. En nous référant à des travaux en sciences humaines (sociologie, géographie, anthropologie) et concernant spécifiquement le patrimoine (Amougou, Davallon, Gravari-Barbas, Rautenberg, Veschambres…), nous avons démontré que les orientations qui compromettent la préservation du patrimoine viennent de l’absence de lien entre trois (3) niveaux, repérés lors de l’analyse : la trouvaille du patrimoine, la mise en politique du patrimoine et l’action urbaine. Pour dépasser ces manques de liens entre les trois, la thèse propose un outil pour penser la patrimonialisation de l’urbain, qui réunit et met en relation les conditions de réussite de la patrimonialisation d’un ensemble urbain historique.La recherche doctorale a ainsi permis de produire des connaissances à visée opérationnelle, en plus d’ouvrir plusieurs pistes qu’il serait pertinent d’approfondir. Sur le plan méthodologique, le repérage des mesures prises en faveur ou contre le patrimoine nécessiterait, compte tenu de la complexité du problème tel que posé, une analyse transversale plus approfondie pour définir des indices en faveur de la préservation ou bien de la détérioration. Dans ce sens, les résultats dégagés à partir du cas d’Avignon gagneraient à être confrontés à d’autres terrains. Par ailleurs, l’arrimage de ce travail aux derniers développements en matière de conservation urbaine portés à l'échelle internationale, par ICOMOS et par l’UNESCO, paraît porteur