Thèse soutenue

L'âme et le corps chez Flaubert : une ontologie simple

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Auteur / Autrice : Juliette Azoulai
Direction : Yvan LeclercJean-Louis Cabanès
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française
Date : Soutenance en 2012
Etablissement(s) : Rouen

Résumé

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Cette thèse tente de définir les contours d’une pensée philosophique flaubertienne – indissociable d’une esthétique –, cherchant à rompre avec la traditionnelle dichotomie entre le spirituel et le sensible. Dès les œuvres de jeunesse, l’écrivain manifeste une grande insatisfaction vis-à-vis des modèles philosophiques constitués et hérités (le matérialisme et le spiritualisme) et revendique une posture originale : « matérialiste-spiritualiste ». En quête d’une pensée du lien, de l’articulation ou de la médiation entre âme et corps, Flaubert rejoint une tendance profonde de l’épistémè du XIXe siècle (romantique, positiviste et évolutionniste), qui s’efforce de réaménager l’ancienne dualité de l’esprit et de la matière. Or, l’art, qui a pour privilège de constituer un mixte de fond et de forme, d’idées et de mots, peut prendre une valeur heuristique dans l’exploration de l’être en tant qu’unité physico-spirituelle. La littérature flaubertienne fait apparaître une nouvelle anthropologie, cristallisée autour de l’idée de simplicité : à l’homo duplex de Buffon, Flaubert substitue un homo simplex, l’humanité des « cœurs simples », qui confondent, et donc réunissent, la lettre et l’esprit, le corps et l’âme, le naturel et le surnaturel, la chair et la mystique, et proposent un rapport proprement incarné au monde. Enfin le travail du style, forme singulière de connaissance, qui ne tient ni du savoir ni de l’ignorance, ni de l’intellect discursif ni de la bêtise confusionnelle, se charge d’une valeur à la fois polémique et aléthique : l’écriture brouille les distinctions de la tradition métaphysique et livre, à travers une esthétique synthétique, une ontologie littéraire moniste.