Deux poètes lecteurs de Proust : mémoire et relation au tu dans l’œuvre lyrique d’Eugenio Montale et de Pedro Salinas
Auteur / Autrice : | Ilena Antici |
Direction : | Karen Haddad-Wotling, Simona Costa |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littératures et civilisations comparées |
Date : | Soutenance le 30/11/2012 |
Etablissement(s) : | Paris 10 en cotutelle avec Università degli studi Roma Tre. Dipartimento di Italianistica |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, langues, spectacles (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....) |
Jury : | Président / Présidente : Vincent Ferré |
Examinateurs / Examinatrices : Karen Haddad-Wotling, Simona Costa, Vincent Ferré, Ugo Fracassa | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Vincent Ferré, Ugo Fracassa |
Résumé
Cette thèse prend la forme d’une pyramide renversée : à la base, qui est en réalité la surface, il faut imaginer les deux poètes du XXe siècle, alors qu’à la pointe extrême se situerait Proust, point d’émanation d’une certaine énergie intellectuelle qui se diffuse dans toute la modernité. Pedro Salinas et Eugenio Montale ont lu À la recherche du temps perdu dans l’Europe du premier proustisme (1920-1930). Les poétiques du poète italien et du poète espagnol s’inscrivent dans une même recherche du secret invisible, de l’essence du monde. Le parallélisme, inédit et intertextuel, entre leurs poèmes et le roman proustien met en valeur des aspects essentiels de leur lyrisme : une mémoire intermittente, oublieuse et épiphanique, enveloppant le parcours amoureux du sujet lyrique moderne. Les recueils « La voz a ti debida » (1933) de Salinas et « Le occasioni » (1939) de Montale, en particulier, sont deux véritables canzonieri d’amour construits autour de la phénoménologie du souvenir et de l’ « adresse tutoyante ». Les poétiques de Montale et de Salinas convergent d’autant plus vers la présence-absence d’un destinataire féminin, qu’ils s’écartent du chemin du Narrateur proustien. La comparaison entre prose et poésie fait émerger l’adresse au tu comme élément nouveau qui, n’existant pas dans le roman de Proust, constitue en poésie une alternative au « solipsisme proustien ». La relation exclusive du je lyrique avec un tu lyrique l’amène à partager l’intime, à sauvegarder la mémoire et à continuer l’amour contre tout oubli.