Thèse soutenue

« Græciser en François ». L’altération de l’intertexte grec (Lucien, Plutarque) dans l’œuvre de Rabelais

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Auteur / Autrice : Romain Menini
Direction : Mireille Huchon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langue française
Date : Soutenance le 10/11/2012
Etablissement(s) : Paris 4
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Concepts et langages (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Sens, texte, informatique, histoire (Paris)
Jury : Président / Présidente : Olivier Millet
Examinateurs / Examinatrices : Mireille Huchon, Marie-Luce Demonet, Alain Billault, Jean Céard, Claude La Charité

Mots clés

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Résumé

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L’œuvre de Rabelais est celle d’un humaniste qui n’a cessé de transformer la matière de ses lectures pour en nourrir sa prose. Dans le vaste champ de l’intertexte de sa Chronique, les auteurs grecs tiennent une place importante. Après avoir cerné ce qui pourrait être une méthode de l’altération des sources à l’œuvre chez un Rabelais envisagé comme grand Altérateur, ce travail s’attache à évaluer la dette de ses livres vis-à-vis de la tradition textuelle grecque, et notamment par rapport aux deux auteurs qui ont fait l’objet de la plus constante réécriture, Lucien de Samosate et Plutarque de Chéronée. Ces deux écrivains de l’Empire, auteurs de nombreux opuscules profus et variés, permirent au Chinonais d’approfondir sa connaissance de l’hellénisme, à la fois par le sourire allusif et la polymathie sérieuse. On montrera que la parodie rabelaisienne témoigne à chaque ligne d’une excellente connaissance de ces modèles, dont l’imitatio, si elle se fit toujours avec une saine irrévérence, engageait avant tout des compétences (parfois trop sous-estimées) d’helléniste et de philologue hors pair. Rabelais apparut dès son entrée en littérature un « Lucian françois » — surnom dont il hériterait bientôt — ; quant au rôle de Plutarque il ne fut vraiment décisif qu’à partir du Tiers livre de 1546. On s’attachera à comprendre cette passion des livres de la maturité de Rabelais pour le polygraphe de Chéronée, grâce à l’étude du dernier exemplaire grec des Moralia que posséda Rabelais et qu’il annota (BnF GR Rés. g. R. 33), soit un document inestimable et inexplicablement négligé par la critique rabelaisienne.